Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 29 juillet 2020 à 17h35
Commission des affaires économiques

Julien Denormandie, ministre :

Il y a plusieurs réutilisations possibles pour le chanvre. Je n'ai pas de retour concernant la discussion sur le CBD au niveau européen. Je vous ferai connaître ma position. La culture du chanvre doit être encouragée, notamment pour la construction.

Nous avons obtenu un très bon accord pour la future PAC car nous partions de très loin. Les chiffres sont exprimés en euros courants car ils reflètent les sommes perçues par les agriculteurs, contrairement aux euros constants, qui reposent sur des hypothèses macroéconomiques plus ou moins justes. Le budget passera à 386 milliards pour la période 2021-2027, en hausse de 22 milliards par rapport à la proposition de la Commission. C'est le résultat du poids politique considérable de la France dans la discussion.

S'agissant du stockage du lin, nous travaillons avec la filière. Celle-ci doit être promue et les exportations vers la Chine relancées.

La question des allègements de charges pour les travailleurs occasionnels demandeurs d'emploi (TO-DE) fera l'objet de débats dans le cadre du PLF et du PLFSS. Compte tenu des difficultés liées aux travailleurs détachés, je défends le maintien du dispositif.

En ce qui concerne le loup, il faut discuter pour que les choses avancent. Les éleveurs subissant des dégâts doivent être accompagnés. Les prélèvements effectués sont inférieurs à l'an dernier, en raison du contexte. Nous avons sensibilisé le préfet coordonnateur à la question : les objectifs fixés doivent être respectés.

S'agissant de la récolte de l'abricot, faites-vous référence au Fonds de mutualisation des risques sanitaires et environnementaux (FMSE) ? Celui-ci sera prolongé.

La moutarde est stratégique pour la Côte-d'Or, de même que le colza. Il faut accompagner les filières. Si on ne trouve pas de solution à temps, la production peut ne pas repartir. La concertation et la temporalité sont pour moi les facteurs clés.

La filière bois est stratégique sur le plan économique et pour le développement des espaces ruraux. Elle souffre de la stratégie de long terme qui a été conduite. L'ONF est en déficit structurel ; nous avons changé sa gouvernance. Il faut continuer à l'accompagner. La gestion des communes forestières est un autre défi important, de même que celle des forêts privées. Une forêt se cultive et s'exploite de manière dynamique ; c'est bon pour l'économie et pour l'écologie. L'opposition entre l'amont et l'aval est stérile : il faut consacrer de l'argent à la fois au reboisement et à l'aide aux exploitants et aux scieries. Les débouchés ne sont pas suffisants : dans la loi ELAN, j'ai poussé au développement de la construction en bois. Il faut donner une vision à dix ans à la forêt française : le tronc doit devenir du matériel noble et le houppier peut être réutilisé pour le chauffage ou pour la fabrication de papier.

Je crois à la réhabilitation des friches agricoles : c'est un enjeu important, tout comme celle des friches industrielles et commerciales.

La lutte contre la désertification vétérinaire est une véritable question. Le prochain projet de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne (DDADUE) permettra de l'accélérer, mais je suis prêt à aller encore plus loin.

Il faut accompagner les éleveurs laitiers en les aidant à obtenir un meilleur prix – la loi EGALIM a donné des résultats – et à s'installer. L'enjeu est générationnel : les jeunes éleveurs sont moins enclins que leurs parents aux sacrifices. Il est possible de changer l'organisation. L'image vis-à-vis du consommateur est également importante.

S'agissant des AOP et IGP, je vous transmettrai les réponses.

Il faut distinguer ce qui relève du mal-être animal – l'abandon d'animaux de compagnie et la maltraitance seront punis plus fermement – et ce qui relève de l'accompagnement des agriculteurs dans l'amélioration du bien-être des animaux d'élevage, ce qui passe par des investissements dans les exploitations. Le plan de relance prévoit aussi un accompagnement des abattoirs.

La période de transition avant la nouvelle PAC est de deux ans, mais nous voulons faire en sorte que le plan de relance soit appliqué dès maintenant.

La consultation publique sur le PSN est en cours. Il doit être transmis au plus tard au printemps 2021.

Il faut statuer sur l'autorité gérant les crédits du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) ; le DDADUE traitera de la question. Il importe de partir des territoires tout en faisant de la convergence.

Pour ce qui est de l' agribashing, il faut vraiment sortir des débats dogmatiques et surtout oublier l'idée selon laquelle les agriculteurs ne seraient pas favorables à l'environnement. En réalité, cette profession a fait de l'environnement l'un de ses piliers depuis bien longtemps. Il ne fait aucun doute qu'elle a pris le tournant environnemental, et même que cela s'est fait bien avant la prise de conscience généralisée des conséquences du changement climatique : comment pourrait-il en être autrement quand les agriculteurs sont les premiers à voir les fruits arriver un peu plus tôt à chaque nouvelle saison et les cultures remonter progressivement du sud au nord de la France ? Bien sûr, il faut les accompagner dans la transition de leurs pratiques, car il ne leur est pas facile d'investir dans un contexte de faible rentabilité.

On ne dit pas assez que l'alimentation est le premier vecteur d'une bonne santé et que, de ce point de vue, les produits français sont les meilleurs du monde. En mettant l'accent sur ce point, nous parviendrons à ce que les Français soient fiers de leur agriculture, pour des raisons gastronomiques, sanitaires, mais aussi nutritionnelles. Il faut donc inciter nos concitoyens à manger des produits frais français – je préfère cette expression à celle de « consommation en circuit court », qui me paraît peu claire – et à faire eux-mêmes la cuisine, ce qui est d'ailleurs souvent plus économique.

Le choucas des tours est un petit corbeau extrêmement intelligent dont on observe actuellement le comportement, notamment afin de recueillir des données sur son mode de nidification. En attendant les résultats de l'étude en cours, des prélèvements sont effectués, en concertation avec les préfets et dans le respect des prescriptions imposées par le respect de la biodiversité. Le choucas des tours présente la particularité d'être fidèle au même partenaire toute sa vie, ce qui fait que quand vous prélevez un individu, il ne se remet pas en couple durant l'année.

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