Intervention de Éric Coquerel

Réunion du jeudi 3 septembre 2020 à 15h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Votre plan de relance, c'est trop peu, c'est trompeur, c'est trop mal utilisé. C'est trop peu : ce n'est même pas la moitié de la perte de PIB – 267 milliards – que nous allons subir et beaucoup moins que le montant engagé par les Allemands. Nous courons donc un risque élevé de décrochage, qui serait problématique pour la France et, possiblement, pour l'Europe. La France pourrait ainsi devenir une nation accessoire, pour reprendre votre expression, monsieur le ministre.

C'est trompeur : en réalité, vous piochez dans différentes sources qui n'ont pas grand‑chose à voir entre elles. À titre d'exemple, les 30 milliards dédiés à la transition écologique comprennent beaucoup de mesures qui ont été adoptées dans les lois de finances rectificatives ou qui s'étalent sur plusieurs années. La baisse des impôts de production, à hauteur de 20 milliards, aidera principalement les grandes entreprises, au point qu'on se demande si ce n'est pas plutôt un plan de relance du capital. Quant aux 40 milliards du plan de relance européen, que vous vantez en permanence, c'est une arnaque : non seulement il sera conditionné, mais il nous coûtera 26 milliards de plus qu'il ne nous rapporte.

C'est enfin trop mal utilisé : les aides ne sont quasiment soumises à aucune conditionnalité. Vous allez donner de l'argent à des entreprises, telle Cargill, qui engagent, sous couvert de la crise du covid-19, des plans de restructuration qui n'ont rien à voir avec cette crise et tout à voir avec des licenciements boursiers. Rien n'est fait pour réduire la pauvreté, alors que Médecins du monde nous expliquait récemment qu'elle intervenait dans certains départements français comme elle le faisait naguère dans les pays les plus pauvres. Telle est la situation qui nous est léguée. Trop peu est fait pour lutter contre le chômage, notamment celui des jeunes. Enfin, s'agissant de l'écologie, il faudrait 50 milliards d'euros par an pour atteindre ne serait-ce qu'un taux carbone neutre ; plus on attend, plus l'effort sera élevé.

Vous menez une politique de l'offre, de la compétitivité, celle-là même qui a affaibli l'État et le secteur industriel, et qui transforme la crise du covid-19 en une crise sociale, écologique, économique d'une ampleur inédite – ou, du moins, qui n'avait pas été atteinte depuis longtemps.

Nous nous réjouissons, à La France insoumise, que vous nous ayez copiés en reprenant à votre compte le vocabulaire de la planification – même si nous doutons que vous ayez le mode d'emploi. Nous vous invitons à faire de même, monsieur le ministre, s'agissant des propositions que nous faisons dans notre plan de déconfinement économique pour sortir le pays de la situation actuelle.

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