Sur la forme, je veux dire mon insatisfaction à l'égard de la démocratie du sablier : deux minutes pour analyser un plan de 100 milliards, c'est moins qu'il n'en faut pour faire cuire un œuf à la coque ! Il ne faudrait pas que le ministre accorde moins de temps à la représentation nationale que le Gouvernement n'en a consacré à l'université d'été du Mouvement des entreprises de France (MEDEF).
Sur le fond, le groupe GDR partage le diagnostic sur l'épaisseur et la profondeur de la crise. La présidente de l'Observatoire des inégalités a estimé que la crise sociale était la dernière mutation du virus. Face à cela, vous mettez sur la table une somme de 100 milliards, ce qui n'est pas rien – il est à noter que les libéraux se débarrassent du dogme des 3 % de déficit quand leurs intérêts vitaux sont en jeu.
Mais le plan de relance a une face B. Je pense au deal que vous avez passé avec la Commission européenne sur votre projet de réforme des retraites, en contrepartie des 40 milliards d'euros alloués par l'Europe. À l'heure où nos voisins allemands font le choix d'appuyer la demande, en baissant la TVA – dans le but de relancer l'emploi –, vous vous obstinez à suivre la logique – qui caractérise le quinquennat – de l'offre à tout prix, au nom du « ruissellement », mais sans aucune conditionnalité environnementale, sociale ni fiscale. Vos mesures ne rempliront pas les carnets de commandes des TPE.
La face B de votre plan, c'est que, à l'heure où l'on parle de souveraineté alimentaire, l'agriculture ne pèse que pour 1 % de l'aide accordée. La pêche, les ports, le secteur maritime ne se voient allouer que 250 millions d'euros, ce qui relève de l'aumône. Il ne faudrait pas que le Normand que vous êtes oublie le secteur stratégique du transmanche.
La face B de votre plan, c'est qu'il n'est pas à la hauteur des urgences environnementales : 30 milliards, ça fait bien pour verdir le tableau, mais ça ne fait pas la maille pour assurer dans la durée la transition écologique de l'économie.
La face B, c'est l'exclusion des précaires, des invisibles, des premières victimes de la crise du cœur du plan de relance, pour ne pas dire leur oubli pur et simple.
La face B, ce sont les conséquences des cadeaux faits aux entreprises sans contrepartie, sans mise à contribution des gagnants : l'assurance, la grande distribution, les hauts revenus. À moyen terme, ces cadeaux fragiliseront les recettes indispensables aux politiques publiques, aux services publics, aux collectivités locales, lesquelles sont pénalisées par votre plan de relance qui, en réalité, les oublie.
Derrière le volontarisme et l'affichage d'un discours gaulliste, dans lequel le communiste que je suis peut se retrouver…