Intervention de Delphine Batho

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine Batho :

Nous sommes dans un rythme absolument sidérant d'accélération du changement climatique et de ses effets tangibles, un rythme sidérant d'effondrement du vivant. Nous subissons une pandémie qui va durer. Cette zoonose est probablement liée à la destruction des écosystèmes. Or, dans ce contexte, on conclut de l'arrivée d'un ravageur dans une filière de production agricole – parce que le climat change – qu'il faut réautoriser en France des produits chimiques dangereux et destructeurs de la biodiversité, et ce alors qu'il y a déjà 85 % d'insectes et un tiers des oiseaux des champs en moins. C'est gravissime !

Chaque gouvernement a connu un tournant, ce moment où l'on n'assume plus d'affronter le réel, où l'on fait preuve de faiblesse et où l'on cède à la moindre pression. Jusqu'ici, on pouvait reprocher à la politique gouvernementale de ne pas faire assez, de ne pas avancer. Mais elle est passée à autre chose : des reculs et une accélération de la destruction. La 5G signifie augmenter la consommation d'énergie de la France et mettre au rebut des millions de smartphones. La réautorisation des néonicotinoïdes se traduit par l'autorisation de l'utilisation, en France, du Gaucho de Bayer et du Cruiser de Syngenta, dont chaque tonne de produit entraîne la mort de 150 000 milliards d'abeilles. Le projet de loi que vous présentez vise à permettre l'utilisation d'environ 80 à 100 tonnes de ces produits pendant trois ans. Hier, nous avons auditionné, avec le rapporteur du projet de loi, le ministre de l'agriculture. Il a reconnu que ce projet de loi placerait la France dans l'illégalité, en permettant l'enrobage de semences avec trois produits interdits en Europe – l'imidaclopride, le thiamethoxam et la clothianidine –, alors même que l'arrêté de dérogation ne sera publié que fin janvier. La ministre de la République que vous êtes peut-elle accepter une situation d'illégalité pareille ?

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