Intervention de Cédric Villani

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani :

Vous avez parlé de stratégie nucléaire, en partie dans l'évolution du mix. J'aimerais approfondir cette question du nucléaire. Ce sujet est très régulièrement abordé par l'OPECST, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, même si le champ de ce dernier est considérablement plus diversifié. Les auditions y sont régulières et contradictoires, ce qui est précieux et permet d'apprécier le niveau de tension qu'il peut y avoir dans la filière – et vous réalisez à quel point quand vous voyez l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et Framatome se disputer sous vos yeux, en l'occurrence au sujet de la cuve de l'EPR de Flamanville.

Ce domaine souffre de problèmes d'image et de vocation, mais aussi de problèmes techniques et de compétences. Les centrales nucléaires sont prolongées très au-delà de la durée pour laquelle elles ont été conçues initialement. Les grands EPR accusent des retards considérables – dix ans pour Flamanville, déjà onze ans pour l'EPR en Finlande. Les projets de recherche ont été abandonnés ces derniers temps. On a vu les déboires du réacteur Jules Horowitz. Il y a eu l'abandon du projet Astrid, au sujet duquel le président André Chassaigne nous a saisis. Je pourrais également évoquer les dossiers de spallation dans le retraitement des déchets, dont la France ne semble pas réussir à se saisir, ou encore des dossiers qui semblent revenir – comme les petits réacteurs modulaires et, peut-être, le thorium –, le sujet de l'enfouissement – il faut de nouvelles cuves, mais ce n'est pas d'actualité –, le programme national de prévention de déchets, la question de Cigéo qui revient sans arrêt dans un contexte d'aménagement du territoire compliqué, mais aussi la quantité d'acteurs – CEA, EDF, Orano, Framatome, ASN, IRNS, CNE2, PNGMDR et bien d'autres. Et le chef d'orchestre, normalement, c'est vous, Madame la ministre. Pouvez-vous nous dire quelle est la stratégie de la France, pour le présent et pour l'avenir, pour avoir une filière qui tourne, c'est-à-dire qui soit sûre et qui fonctionne au plan technique ?

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