Il y a exactement 48 ans, en 1972, une dérogation un peu similaire à celle qui sera accordée pour les néonicotinoïdes a eu des effets assez graves, puisque près de 50 % des terres agricoles martiniquaises et guadeloupéennes ont été polluées et empoisonnées au chlordécone. Le rapport d'une commission d'enquête que j'ai présidée a émis 49 propositions pour sortir de cette situation grave, puisque 92 % des Martiniquais et 93 % des Guadeloupéens sont pollués par le chlordécone. Cela a engendré une situation sociale tellement grave, que de manifestations multiples se déroulent sur le terrain. Si on veut qu'il y ait un embrasement par une convergence de la situation sociale, de la situation écologique et de l'empoisonnement de ces terres, la meilleure solution pour l'État serait de ne pas donner suite à ce rapport. En l'occurrence, c'est ce que je ressens. Ce serait du mépris. Je l'interprète ainsi, même si je ne veux pas croire dans la mesure où le président Macron avait eu le courage d'annoncer qu'il y avait une responsabilité d'État – laquelle a été déclarée par trois ministres présents lors de la commission d'enquête. Que comptez-vous faire de ce rapport ? Je pense que la ministre que vous êtes peut débloquer la situation et remettre sur la table les solutions proposées. Si aucune solution n'est retenue en matière de santé, d'agriculture, de pêche et de dépollution des eaux, les terres seront polluées pour plusieurs centaines d'années.