Madame la ministre, j'irai droit au but : vous venez d'indiquer qu'une refondation du ministère de la mer avait eu lieu ; mon vœu serait d'assister aussi à une refondation de la politique de l'outre-mer. Et comme vous êtes passée du ministère des outre-mer à celui de la mer, je pense que le lien pourrait être établi de la manière la plus positive possible – vous êtes bien placée pour comprendre ce que je veux dire.
Le domaine maritime français est, à 97 %, lié aux outre-mer. Si la France est la deuxième puissance maritime après les États-Unis, c'est parce que c'est le seul pays au monde où le soleil ne se couche jamais, puisqu'il est présent sur les trois océans. De plus, 80 % de la biodiversité française, y compris la biodiversité marine, se trouve dans les outre-mer. J'espère que votre nomination va contribuer à une prise de conscience : comment concevoir que les politiques de développement liées à la puissance et à la diplomatie maritimes soient inversement proportionnelles à ce que représentent les outre-mer dans la richesse nationale et européenne ?
Je constate en effet qu'il n'existe aujourd'hui aucune politique maritime intégrant le développement des outre-mer – à l'inverse de ce qui se passait à l'époque de l'empire colonial français. Pour quelle raison n'existe-t-il pas d'université de la mer en Polynésie, ni d'université de la biodiversité en Guyane ? Voilà qui constituerait une véritable politique de reconnaissance de ces territoires ! Ne pourriez-vous pas modifier la politique menée en matière de trafic de marchandises, les paquebots n'exportant que des bananes et n'important que des produits de consommation, alors qu'il conviendrait de développer une stratégie transfrontalière dans chaque bassin maritime, de sorte que ces territoires puissent se connecter entre eux, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ? Pour quelle raison ne disposerions-nous pas d'une politique spécifique en matière de pêche, de tourisme, de développement économique, d'innovation, de recherche, ce qui permettrait à tous ces pays de sortir de leur économie d'habitation, de plantation, d'importations massives, et de trouver des voies innovantes en matière d'organisation du développement ? Ainsi pourrions-nous sortir du marasme économique dans lequel nous nous trouvons.
Je vous lance là une invitation ; je suis prêt à vous aider et à vous accompagner. Vous pourriez relever un défi assez exceptionnel, après votre brillante trajectoire ministérielle de l'outre-mer à la mer. Je vous souhaite bonne chance !