Sur le fond, il est difficile, à ce stade, pour le groupe LR, de se faire une idée sur l'OPA lancée contre Suez : comme tout dossier, celui-ci comporte des éléments positifs et négatifs. Certes, la création d'un maxi-géant français spécialisé dans l'environnement, le recyclage des déchets et l'économie circulaire est séduisante, et l'on peut comprendre que, dans la lutte mondiale, plus on pèse, plus on a de chance de prendre des parts de marché. Mais deux éléments plaident contre votre projet. D'abord, dans toute fusion, la rationalisation entraîne des plans de licenciements. Dire le contraire, serait mentir aux salariés, aux Français et à la Représentation nationale. Ensuite, le quasi-monopole qui serait ainsi créé dans la gestion de l'eau en France inquiète les élus et les usagers. À cet égard, votre montage avec Meridiam ne convainc guère. Il est difficile, en effet, de s'improviser industriel de l'eau et d'être associé à des milliers de collectivités gérant des milliers d'équipes de techniciens disséminés dans les territoires quand on a pour seule compétence de savoir réunir des fonds et convaincre des investisseurs.
Sur la forme, je ne comprends pas le caractère hostile de cette opération qui concerne deux entreprises phares de notre pays et le climat de violence économique dans lequel elle se déroule. Pourquoi user d'une telle méthode, jouer les gros bras et faire montre de beaucoup d'assurance, voire d'arrogance ? Cela dessert, je le crois, votre projet et jette la suspicion sur la neutralité de l'État dès lors que l'on connaît les liens que l'un et l'autre avez avec le Président de la République. On a le sentiment que vous partez à l'offensive avec des garanties préalables occultes. Pouvez-vous nous rassurer sur ces différents points ?