Intervention de Olivier Falorni

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni :

Nous avons écouté vos arguments justifiant la réintroduction des néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière – vous avez parlé de souveraineté alimentaire, de sauvegarde de l'emploi, de concurrence internationale – et ceux tendant à en minimiser les effets – l'absence de floraison, qui limiterait l'impact des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs, et une moindre nocivité que celle des insecticides foliaires, qui sont pulvérisés. Vous expliquez aussi que l'interdiction de plantations attractives pour les abeilles à proximité des champs de betteraves permettrait de limiter l'impact sur ces dernières.

Si nous avons décidé, il y a quatre ans, d'inscrire dans la loi l'interdiction de tous les néonicotinoïdes, c'est que nous souhaitions mettre fin à leurs effets dévastateurs, même à faibles doses, sur les pollinisateurs. Contrairement à ce que l'on a pu entendre, les pollinisateurs seront affectés par la réintroduction de l'insecticide, y compris en l'absence de floraison. Ensuite, la majorité du produit utilisé en enrobage reste dans les sols – on parle de 90 % du total utilisé – et persiste généralement pendant plusieurs années, contaminant durablement les champs traités et les cultures plantées les années suivantes, y compris lorsqu'elles n'ont pas été traitées. Pire, il peut être transporté par ruissellement dans les cours d'eau et polluer les nappes phréatiques.

Les risques liés à l'utilisation de ces substances demeurent tout aussi importants et justifient que nous maintenions leur interdiction pour la filière de la betterave sucrière. Il est vrai que les difficultés se sont accumulées pour ce secteur : n'oublions pas que la fin des quotas est survenue en 2017, au moment même où le marché entrait dans une phase de surproduction. Alors que les producteurs subissent l'écroulement des cours mondiaux – une baisse de 40 % du prix de vente, ce n'est pas rien –, l'épidémie de jaunisse s'étend, sans qu'il ait été trouvé de solution satisfaisante depuis la loi de 2016.

Mais cela ne justifie pas la réintroduction des néonicotinoïdes. L'exception qui serait faite pour les producteurs de betteraves ouvrirait une boîte de Pandore ; d'autres filières entrevoient la possibilité de dérogations analogues et en font déjà la demande. Plus globalement, cette nouvelle autorisation laisserait à penser que, pour ce gouvernement, l'impératif environnemental se dérobe face à la nécessité économique. Le groupe Libertés et Territoires ne peut accepter un tel renoncement écologique.

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