Monsieur le ministre, le courage, ce pourrait être de trouver à tout prix, dans les heures ou les jours qui viennent, une forme de compensation et d'accompagnement économiques de la filière, sans régresser sur le plan écologique.
Si l'État peut compenser 65% des 15 ou 20 % de pertes, seuls 5 à 10 % des pertes ne seront pas compensés. Je suis certain que des mesures agroenvironnementales territoriales, le plan HVE que vous allez financer dans le cadre du plan de relance, ainsi que d'autres investissements industriels permettront de sortir de cette crise par le haut et que nous pourrons arriver à 100 % de compensation et d'accompagnement pour cette filière. Le courage, ce pourrait être de continuer à chercher une solution d'accompagnement économique qui soit digne des producteurs – et je ne fais pas de distinction entre les producteurs des sucreries et les producteurs de betteraves eux-mêmes.
Pour revenir au plan Écophyto, la mise à l'écart des parlementaires n'est pas le seul problème. Ce qui est problématique, c'est que l'on imagine de créer des comités ad hoc dès qu'il y a un problème – hier avec le glyphosate, aujourd'hui avec les néonicotinoïdes – alors que nous avons un plan stratégique global. Il faut réinstaurer une gouvernance et une politique publique de prévention à la hauteur des enjeux. Sinon, nous irons de crise en crise.
La disparition des pollinisateurs a un coût économique considérable, que l'on évalue à 150 milliards. Mais la mesure que vous prenez nuit aussi à la réputation et à l'image du monde paysan. En accédant aux demandes pressantes d'une filière, nous ne rendons pas service à l'ensemble de l'agriculture. Nous nuisons à l'image que, depuis plusieurs années, elle essaie de forger dans l'opinion publique, en s'engageant dans la transition écologique.