Intervention de Frédéric Descrozaille

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Descrozaille :

Ce débat est très intéressant. Je soutiens le projet de loi, mais c'est très respectueusement que j'écoute les arguments de ceux qui s'y opposent.

Madame Batho, je suis, au fond, tout à fait d'accord : on peut reprocher à la filière betterave-sucre de n'avoir pas suffisamment anticipé la fin des quotas. Elle en paie le prix aujourd'hui, car les scientifiques, ceux des instituts techniques comme ceux de l'INRAe, ne peuvent encore promouvoir des techniques alternatives faute de les maîtriser suffisamment.

Certaines formules, telles que la rotation des cultures, font florès. En réalité, le changement de modèle suppose aussi que chaque entreprise vende sa production à davantage d'acheteurs. Les modèles alternatifs fonctionnent deux ou trois fois sur quatre, mais on ne sait pas bien pourquoi ; on ne sait pas davantage pourquoi ils ne fonctionnent pas. Par conséquent, aucun scientifique ne prendra jamais la responsabilité d'en promouvoir un auprès des agriculteurs, car il est incapable de l'expliquer. Pour paraphraser Théodore Monod, ce que nous savons est le principal obstacle à l'acquisition de ce que nous ne savons pas… Cette affaire promet de durer longtemps !

En attendant, économiquement, la filière doit s'organiser pour pallier les chutes de rendement qu'elle connaît, inévitables compte tenu de ce qu'on leur demande depuis 2016. De deux choses l'une : ou bien on lui dit que c'est tant pis pour elle, elle n'avait qu'à ; ou bien on lui tend la main en lui expliquant que l'on va l'aider, tout en renforçant encore nos exigences pour suivre d'un peu plus près la façon dont elle va s'adapter, techniquement et économiquement. C'est là où nos points de vue diffèrent. Pourquoi renoncer à aider la filière ? Cela ne change rien à l'orientation fondamentale. Mais on peut admettre que cela prend du temps, techniquement et économiquement.

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