Je reviendrai ultérieurement sur le débat relatif aux dérogations, qui consistent en fait à autoriser en France des produits interdits en Europe. Mais là, il s'agit de réautoriser en France, l'utilisation de substances qui y étaient interdites jusqu'à présent tout en étant autorisées en Europe. Autrement dit, l'alinéa 2, visé par l'amendement CE3, détricote complètement la loi de 2016 par le biais d'une astuce, en introduisant un décret là où il n'y en avait pas. Il s'agit d'une remise en cause frontale de la loi de 2016.
Le courage politique, à mes yeux, consiste à ne pas céder à la pression. Quant à l'écologie, elle se situe en rupture avec l'égoïsme qui amène à considérer qu'un monde sans papillons, sans libellules et sans abeilles, celui dans lequel pourrait vivre nos enfants, ce n'est pas grave ; elle élargit la prise en compte de l'altérité à l'ensemble du vivant.
Le modèle agro-écologique que nous défendons, c'est par exemple celui des exploitations des producteurs de betteraves bio que nous avons auditionnés : ils emploient deux fois plus de personnes que les exploitants conventionnels, et dégagent 80 à 85 euros à l'hectare, contre 20 euros pour les autres. Certes, ils sont soumis à plusieurs freins, tels que la date des semis exigée par les sucreries et le coût de la main-d'œuvre. Il faut les lever, mais on ne peut pas affirmer qu'un tel modèle n'existe pas. Des solutions alternatives existent, nous l'avons vérifié.