Intervention de Frédéric Descrozaille

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Descrozaille :

Une usine sucrière tourne au mieux quatre mois par an. En dessous de cent dix jours, l'équilibre financier est rompu, en calculant sur la base d'un prix du sucre à la tonne de 400 euros sur le marché international. Or il est tombé à 300 euros, contre 500 euros en 2017 à la fin des quotas. Une usine qui tourne cent vingt jours par an ne parvient pas à gagner de l'argent avec un sucre à 300 euros la tonne. L'approvisionnement en betteraves est fondamental pour qu'une usine puisse tourner cent vingt jours. En 2019, il y avait 480 000 hectares de betteraves, contre 423 000 hectares aujourd'hui. Quand un agriculteur qui cultive seize hectares de betteraves voit que le prix de la tonne est tombé à 23 euros, alors qu'il était auparavant de 30 euros et qu'il a entre 20 et 50 % de risques sur ses rendements, il arrête sa petite production au profit du blé, du chanvre, du colza. Mais quand ces micro-décisions individuelles se cumulent, au final il manque des millions de tonnes aux sucreries. Et un an plus tard, on risque une casse industrielle.

On peut toujours répondre que la filière n'avait qu'à anticiper la fin des quotas, en proposant des contrats d'approvisionnement pluriannuels, en couvrant les incertitudes sur les rendements à cause de la fin des néonicotinoïdes avec des systèmes assurantiels privés de type interprofessionnel. Mais elle ne l'a pas fait. On peut considérer que l'on n'a pas suffisamment fait pression sur elle. On peut même se dire qu'on va les punir : tant pis pour eux, ils le méritent. Vous ne l'avez pas dit, Madame Batho, mais je l'entends un peu. Ce n'est pas ce que je pense. Je regrette que la filière n'ait rien fait, mais elle subit une pression maximum et la situation est catastrophique au plan industriel. Je crois donc qu'il faut lui tendre la main pour que les solutions économiques accompagnent les incertitudes techniques.

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