Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 23 septembre 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Julien Denormandie, ministre :

Comme je l'ai dit tout à l'heure à Monsieur Potier, il est certain que la solution n'est pas chimique. Vous avez compris que nous avons beaucoup cherché : elle n'est pas non plus économique. La solution ne peut être qu'agronomique et elle comporte trois volets : la sélection de la semence, le biocontrôle et la pratique culturale.

La sélection de la semence nécessite de reprendre le phénotype de toutes les semences. Or il existe une banque de semences de betterave – c'est d'ailleurs un des atouts du programme AKER que j'ai évoqué tout à l'heure en réponse à M. Dive. Parmi les phénotypes déjà réalisés, quelques semences seraient vraisemblablement résistantes à un ou deux virus sur les quatre qui sont inoculés par le puceron. La sélection de la semence va nécessiter du temps, mais ce sera probablement la voie la plus rapide.

Quant aux deux autres volets, si l'on veut être certain qu'ils fonctionnent, il est obligatoire de faire des tests in vivo, grandeur nature. Ce qui est compliqué avec le biocontrôle, c'est qu'il faut toujours trouver une cinétique entre le ravageur et celui que vous voulez manger : en fait, il ne suffit pas d'introduire la coccinelle ou la mini-guêpe, encore faut-il que ces insectes arrivent lorsque le puceron est déjà présent pour pouvoir se nourrir, mais qu'ils grandissent plus vite que le puceron pour pouvoir l'anéantir… Cela exige un écosystème très précis. Si, l'année où vous effectuez les tests, les conditions climatiques ne sont pas les bonnes, vous ne pourrez pas en tirer de conclusions. Du coup, cela ne laisse que deux années et demi de tests, si je puis dire.

C'est la même chose en ce qui concerne les pratiques culturales. Une des pistes consiste à réduire la taille des parcelles. Mais certains soutiennent que cela ne marche pas, d'autres qu'on peut réduire la taille de la parcelle à condition qu'elle soit beaucoup plus longue que large, ou encore que cela peut marcher si l'on y met de l'avoine… Tout cela nécessite des tests.

Mais, je le répète, le jour où on trouvera une solution, de facto je ne pourrai plus utiliser l'article 53 du règlement européen. Voilà pourquoi je propose ces trois années, avec ce cadre de suivi tel que va le proposer le rapporteur.

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