Je me réjouis de l'examen de ce texte sur la condition animale. L'attente de la société est grande ; cette question doit donc être débattue par la Représentation nationale. C'est un impératif démocratique, car il s'agit de répondre à la volonté des Français, du peuple souverain. Dans leur écrasante majorité, nos concitoyens – qu'ils habitent, contrairement aux idées véhiculées par les lobbies, en ville ou à la campagne – sont opposés aux pratiques de maltraitance des animaux, lesquelles sont, à l'heure actuelle, toujours autorisées par la loi. La cruauté envers les animaux préfigure et prépare l'acceptation de la violence envers les êtres humains. Doués d'empathie, ceux-ci ne supportent pas la violence et la souffrance qu'elle provoque. Nous n'avons pas à la supporter plus longtemps ; il faut donc l'interdire.
Cette proposition de loi, que j'ai cosignée, comporte des propositions symboliques mais fortes, que le groupe La France insoumise défend depuis le début de la législature. L'élevage d'animaux pour leur fourrure doit être interdit. Les spectacles d'animaux sauvages, incompatibles avec les impératifs biologiques de leur espèce, doivent être interdits. La chasse à courre, pratique oligarchique barbare d'un autre temps, doit être interdite, tout comme la pratique du déterrage des animaux dans leur terrier. Ces pratiques de chasse provoquent la terreur absolue des animaux qui en sont victimes et perturbent l'ensemble de l'écosystème de la forêt. Les chasses dites traditionnelles doivent être interdites. Enfin, les pratiques de l'élevage intensif, notamment l'enfermement constant des animaux dans des cages, doivent être interdites.
La société doit, bien évidemment, accompagner cette évolution, notamment pour faciliter la reconversion des professionnels affectés par ces interdictions et protéger les animaux, notamment ceux qui participent à des spectacles vivants et les meutes de chiens utilisées dans la chasse à courre.
Ces mesures sont souvent caricaturées. Aussi, je veux le dire clairement, il ne s'agit pas ici d'interdire toute forme de chasse ou toute forme d'élevage. Il s'agit d'entamer la transition vers d'autres relations de la société humaine avec les animaux. La biodiversité est en très grand danger du fait des activités humaines : la sixième extinction de masse des espèces a commencé. Les populations de vertébrés, d'insectes, d'animaux marins s'effondrent rapidement. Or l'homme est un animal comme les autres : il a besoin, pour vivre, de son écosystème, des autres animaux et de satisfaire ses besoins physiologiques. Il n'y a qu'un seul écosystème compatible avec la vie humaine dans lequel les espèces s'équilibrent. Nous devons donc instaurer des relations de coopération avec les animaux, en lieu et place de l'exploitation sauvage à laquelle nous nous livrons.
Le capitalisme et la recherche de la rentabilité ont progressivement tout détruit, tout exploité, pour en tirer de l'argent. Nous exploitons sans limite les ressources naturelles, les animaux, les autres êtres humains. La crise mondiale du covid-19 est en quelque sorte un avertissement qui nous est adressé solennellement : il faut changer nos pratiques, car ce que nous avons fait est en train de tout détruire, y compris nous-mêmes.
Il s'agit évidemment d'un horizon lointain ; cette proposition de loi est une étape de la transformation progressive de la société, qui a commencé par un changement radical de perspective sur les animaux, désormais reconnus par la loi comme des êtres sensibles et non plus comme des biens meubles. Tirons les conclusions de cette reconnaissance, commençons par interdire dès à présent les pratiques les plus cruelles envers les animaux et organisons la transition de notre société vers un modèle de coopération avec ces derniers.