Nous ne pouvons plus, mes chers collègues, être schizophrènes. Quand bien des élus et des ministres posent sur les réseaux sociaux avec leur chien ou leur chat, on ne peut pas ignorer un mouvement grandissant au sein de l'opinion publique demandant d'interdire des pratiques génératrices de souffrances chez les animaux.
Après des siècles de cartésianisme pendant lesquels on a considéré l'animal comme un meuble, la souffrance animale nous semble une nouveauté. Depuis les années 1950, et grâce aux scientifiques, on a pris peu à peu conscience qu'il était un être sensible doté de capacités sociales insoupçonnées. L'ancien maire de Roncq que je suis a la chance d'accueillir sur son territoire un centre de chiens guides d'aveugles. Je sais donc à quel point les chiens sont importants pour un certain nombre de nos concitoyens.
Au début du XXIe siècle, on s'est enfin rendu compte – chose incroyable – que l'animal avait une conscience. De plus en plus, l'opinion publique a demandé, notamment à ses députés, de débattre de cette question, non pas seulement pour en parler mais pour agir concrètement. Il est temps !
Mais, ce débat, il faut le conduire de manière apaisée. Ce que j'observe aujourd'hui ne me plaît pas dans la mesure où il est réduit à une opposition entre progrès de la cause animale et formes dites traditionnelles d'élevage. Il faut lever ce malentendu : mon groupe n'est pas contre l'élevage ni contre toute la chasse, mais pour l'amélioration des conditions de vie des animaux – le deuxième terme du titre de la proposition de loi.
Allons résolument, au nom de l'humanité, vers un progrès, car on voit bien que la crise que nous subissons tire son origine de l'interpénétration entre deux mondes. La déforestation, notamment, nous confronte à des populations animales inconnues de nous, nous rendant extrêmement vulnérables aux virus.
Marquons des points sur ces sujets dont nous devons débattre. Je le confesse, devant l'impuissance des préfets à faire respecter leurs propres arrêtés, j'ai été l'un des premiers maires à prendre un arrêté hors-la-loi visant à interdire les cirques exploitant des animaux sauvages.
J'apprécie l'approche progressive de la proposition de loi, au travers notamment de la création d'un fonds de soutien à la transition. Il ne s'agit pas de s'opposer aux circassiens ; il faut les accompagner. Je la soutiens donc, même si le reste du groupe Agir ensemble votera selon sa conscience. Merci de lancer le débat !