Il faut distinguer entre « sentiment » et « sensibilité » : l'homme éprouve des sentiments, comme l'amour ou la joie, tandis que l'animal a une sensibilité. Reconnaître à l'animal la capacité d'avoir des sentiments revient à en faire l'égal de l'homme. Ce n'est pas parce que nous avons les mêmes zones cérébrales que nous avons les mêmes droits. Dans la nature, les animaux souffrent parfois ; ils peuvent être attaqués ou tués. L'animal n'a pas conscience que ce qu'on lui fait est mal, contrairement à l'homme. C'est cette différence qui nous renvoie à notre propre humanité. C'est au nom de cela que j'entends discuter des amendements.
Le débat sur le cirque recouvre l'activité du domptage. Il faut être cohérent. Dans un film de cinéma, on est bien content de voir des animaux à l'écran – ils sont domptés. Si vous considérez que le domptage est en soi quelque chose de mal, il faut vous attaquer à Hollywood !
Enfin, la place qu'on accorde aux pratiques minoritaires renvoie à la démocratie, autrement dit au respect par la majorité de la minorité. Ce n'est pas parce qu'une tradition est minoritaire, qu'elle déplaît à une majorité de gens que cela justifie qu'on la supprime. Dans le cas contraire, on risquerait d'aseptiser le pays. Beaucoup de choses sont, de loin, incompréhensibles, et de près, essentielles. Les Nîmois ont une vision de la corrida assez différente de celle des Bretons, par exemple. Je pourrais citer des dizaines de cas similaires.