Intervention de Xavier Niel

Réunion du mardi 17 novembre 2020 à 9h30
Commission des affaires économiques

Xavier Niel, président du conseil d'administration d'Iliad :

En ce qui concerne la rémunération fixe, le ratio entre le plus haut salaire fixe, hors intéressement, et le plus bas est de l'ordre de 15. Il n'est pas optimal, même s'il est meilleur que dans la quasi-totalité des 120 premières entreprises françaises.

De plus, nous avons toujours proposé aux salariés un intéressement au capital de l'entreprise. Sur ces sujets, nous exploitons toutes les mesures à notre disposition. Il me semble important de rendre d'une manière ou d'une autre l'ensemble des salariés actionnaires de leur entreprise, et de partager avec eux son fonctionnement, afin de les intéresser à elle.

Nous avons la chance que nos salariés soient extrêmement attachés à la marque Free et à nos produits. Notre société a plutôt une bonne image, et les collaborateurs qui travaillent chez Free sont des passionnés. Nous avons conscience de cet attachement à l'entreprise, et nous souhaitons identifier des moyens de développer la participation des collaborateurs. Cela ne signifie pas que nous sommes exempts de défauts, mais cette volonté de partage constitue une réalité.

Madame Do, vous indiquiez que les opérateurs étaient amenés à installer, par exemple dans des zones « Natura 2000 », des antennes à proximité les unes des autres, ce qui est en effet aberrant. Pour éviter cette situation, avec un partenaire, nous commercialisons en location l'ensemble de nos antennes auprès de nos concurrents. Ainsi, nos concurrents peuvent accéder à la quasi-totalité de nos antennes situées en zones non denses (en dehors des villes). Malheureusement, un certain nombre d'opérateurs ne souhaitent pas partager leurs antennes. Nous devons alors en poser de nouvelles, ce qui augmente l'empreinte environnementale, d'autant qu'elles sont souvent installées dans des zones difficiles d'accès.

J'ai évoqué plus tôt notre proposition de partager, dans certaines zones, les réseaux, ou de permettre de déployer des fréquences supplémentaires sur des antennes existantes. Encore une fois, il ne s'agit pas de donner un avantage concurrentiel à certains opérateurs, mais cela permettra à terme à diminuer les problèmes que vous soulevez.

En ce qui concerne la consolidation du marché transeuropéen, je pense que l'Union européenne nous apporte beaucoup. Dans le cadre de celle-ci, comment pouvons-nous créer un opérateur qui soit présent dans plusieurs zones géographiques européennes ? Je vous le concède, les différences entre les pays sont nombreuses : langue, taux de TVA, fiscalité, etc. Par exemple, l'IFER est une spécificité française qui n'existe nulle part ailleurs en Europe. Nous travaillons avec ces spécificités, et apprenons beaucoup. Nous avons fait le choix original de ne pas prévoir de marque unique pour toute l'Europe. Nous nous adoptons aux spécificités des pays. Ainsi, nous nous appelons Free en France, Iliad en Italie, Play en Pologne et Eir en Irlande. Nous proposons un nom différent dans chaque pays, et tâchons d'organiser localement le management et de mettre en place des équipes qui comprennent le pays.

Nous continuerons ainsi. Nous venons de clôturer aujourd'hui le rachat de l'opérateur polonais Play, ce qui nous rend très heureux. Heureusement ou malheureusement, l'Union européenne ne permettra pas l'existence d'un opérateur transeuropéen, et nous ne pourrons participer à des enchères sur des fréquences qui couvriraient la totalité de l'Europe. Nous admettons cette contrainte, mais nous faisons en sorte de prendre en considération les particularités des pays et de nous développer sur les marchés européens.

M. Rolland, concernant l'hôtellerie, j'espère, tout comme vous, que les stations des sports d'hiver rouvriront et que l‘ensemble des hôtels, des bars et des restaurants pourront reprendre prochainement leur activité. Au-delà de la question économique, ils sont essentiels à la convivialité. Les contacts physiques nous manquent. Je pense en particulier aux jeunes de 20 ans, qui se trouvent dans le plus bel âge, et qui sont restés enfermés chez eux pendant 6 ou 7 mois.

J'espère que nous sortirons prochainement de cet épisode lié au coronavirus, qui aura constitué pour nous une forme de rupture, comme nos parents ont pu en connaître au travers de guerres ou d'autres événements. Bien que nous devrions en conserver un souvenir moins grave, ce moment est difficile, et nous avons beaucoup de peine pour l'ensemble des petits commerçants, et en particulier les restaurants, les bars et les hôtels.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.