Je vais commencer par la dernière question pour éliminer un sujet qui n'était pas tellement au cœur de la présentation de l'activité télécoms, mais je peux répondre très facilement.
D'abord, il n'y a pas eu de licenciements à Next Radio TV. Finalement, il y a eu 240 départs volontaires, c'est-à-dire que nous avons fait en sorte que des collaborateurs, face à une incitation financière, considèrent qu'il y avait une opportunité pour eux d'aller dans une autre entreprise, de changer de métier, de changer de région. Vous savez que, dans la période actuelle, beaucoup remettent en cause leur choix de vie. Même si ce n'est pas quelque chose d'agréable évidemment, cela n'a pas été des licenciements, cela a été 240 départs volontaires.
M. Patrick Drahi n'est pas un financier, c'est un entrepreneur de télécoms, comme moi, j'ai été un entrepreneur des médias. Je suis toujours un entrepreneur de médias même si je suis devenu aussi un dirigeant dans les télécoms. M. Patrick Drahi a commencé dans le câble. Il a démarré dans la ville de Châteaurenard. Il a câblé cette petite ville, parce qu'il avait la vision dans les années 90 que le câble était l'avenir. À un moment où plus personne ne croyait au câble en France, ni la Caisse des dépôts, ni la Générale des eaux, ni la Lyonnaise des eaux, ni Orange, ni Canal Plus, ni TDF, lui, il y a toujours cru et il a racheté tous ces réseaux, ce qui fait que la France, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas en retard en matière de très haut débit parce que le câble qui est installé dans toutes les grandes villes est déjà une solution qui répond à 95 % des besoins du très haut débit, jusqu'à ce qu'il y soit répondu à la totalité des besoins grâce à la modernisation du câble en fibre. C'est donc bien un entrepreneur et pas un financier.
Le groupe a eu recours effectivement à un plan de départs volontaires parce que le monde change et il faut s'y adapter. Pour moi qui ai créé ce groupe, voir partir 240 collaborateurs ne m'a pas fait plaisir, mais notre groupe doit s'adapter, car l'univers de la télévision, l'univers des télécoms changent. Aujourd'hui, il y a une transformation digitale qui touche tous les secteurs, toutes les entreprises et si on fait l'effort de s'adapter très tôt, on évite de créer des solutions douloureuses pour les collaborateurs quelques années après, quand on est obligé de s'adapter sous la contrainte et c'est beaucoup plus pénible et beaucoup plus difficile pour les collaborateurs.
La semaine dernière, j'ai regardé le documentaire que M. Ruffin a consacré à M. Bernard Arnault sur la plateforme Netflix. Aujourd'hui, Netflix est un acteur qui transforme totalement le secteur de la télévision. Les audiences de la télévision linéaire baissent. Toutes les entreprises de télévision doivent donc s'adapter.
J'ai repris récemment le journal L'Express, qui est aujourd'hui revenu à l'équilibre. Je pense que l'on a sauvé le journal, mais que de temps perdu ! que de déni pendant 20 ans ! On a refusé la transformation digitale et finalement on a poussé au départ brutal de nombreux collaborateurs.
Même s'il n'est pas facile de faire partir des collaborateurs, nous avons essayé de le faire le mieux possible, dans le cadre d'un plan de départs volontaires. Je voulais répondre à M. François Ruffin parce que la question qu'il a posée m'a particulièrement touché.
Avec M. Arthur Dreyfuss qui est à mes côtés, nous allons répondre à l'ensemble des questions des parlementaires, en commençant par la 5G peut-être. Ensuite, nous parlerons des délais, que ce soit pour la fibre ou pour le mobile, la 4G ou la 5G. Enfin, nous répondrons aux autres questions.
La 5G est aujourd'hui incontournable. D'abord, sur le plan sanitaire, de nombreuses études ont été produites et aucune à ce jour n'a révélé de risque de santé publique. Nous sommes entourés d'agences indépendantes. Si l'on démontrait que des risques sanitaires existent réellement, on s'adapterait à la situation, mais aujourd'hui, il n'y a pas de risque sanitaire établi. Je participais la semaine dernière à un débat avec le maire de Grenoble, M. Éric Piolle, qui expliquait qu'il avait des réserves à l'égard de la 5G, non pas par rapport à un risque sanitaire, mais par rapport à un modèle économique : il considérait que la 5G était inutile et que cette logique de croissance infinie était dangereuse pour la population.
La 5G à ce jour ne présente pas de risque sanitaire, comme la 4G n'en a pas présenté dans le passé. Encore une fois, elle est inévitable. Le besoin en débit connaît une croissance exponentielle. Avant tout, la 5G, dans les gros bassins de population, est pour nous une façon de désengorger les réseaux 4G. Si nous ne le faisons pas, ils seront saturés à très court terme.
Puis, nous devons continuer à déployer la 4G dans les zones de moins forte densité, dans les zones rurales dans le cadre du New Deal mobile. Là, la 4G fait encore tout à fait l'affaire, mais dans quelques années, il faudra sans doute déployer la 5G sur l'ensemble du territoire.
La 5G est vraiment indispensable pour tout le monde parce qu'aujourd'hui, avec un smartphone, on peut faire du télétravail, on peut aller à l'école. C'est déjà un outil très utile. La mobilité est déjà une solution qui répond à beaucoup de problèmes. Il est souhaitable que tous les Français puissent disposer de tout le matériel informatique nécessaire, même les enfants ont besoin de tablettes ou d'ordinateurs. La mobilité est quelque chose de très important.
La semaine dernière, nous avons lancé avec We TechCare, qui est une association que nous aidons, une initiative d'activité caritative via internet. Le e -bénévolat est une façon d'aider des jeunes en difficulté, des jeunes qui ont besoin, par exemple, de rédiger un CV ou de préparer un entretien d'embauche. Le e -bénévolat fonctionne remarquablement bien parce qu'il permet à tous les Français depuis chez eux de consacrer une, deux ou trois heures par semaine pour aider des jeunes en difficulté. Cette initiative fonctionne très bien et elle passe souvent via le smartphone.
La 5G est quelque chose d'essentiel. Je regrette que certaines villes, certaines grosses agglomérations aient décidé d'un moratoire. Nous avons reçu hier l'information, par une simple note de service d'un adjoint au maire de Lille, que tous les projets étaient arrêtés. Aujourd'hui, nous payons donc des licences que nous n'avons pas le droit d'utiliser dans certaines grandes villes. Je crois que ce n'est absolument pas rendre service à la population. J'ai plutôt l'impression que c'est un positionnement idéologique et non pragmatique. Pourquoi ne pas lancer la 5G ? Encore une fois, si une étude devait démontrer dans le futur qu'il y avait un danger sanitaire, il serait toujours temps d'arrêter, mais je pense que le fait de retarder le déploiement de la 5G dans une ville comme Lille est très préjudiciable pour les Lillois.