Intervention de Arthur Dreyfuss

Réunion du mardi 24 novembre 2020 à 18h00
Commission des affaires économiques

Arthur Dreyfuss, directeur général d'Altice Médias :

Mesdames et Messieurs les députés, je vais ajouter quelques éléments complémentaires sur le déploiement et sur nos engagements.

En zone AMII, nous déployons aujourd'hui près de 4 000 prises par jour. Il s'agit d'un investissement sans précédent. Les équipes sur le terrain effectuent un travail remarquable. C'est un volume historique pour le pays et également en Europe. Nous avons tous connu une année 2020 particulière. Nous avons pu prendre du retard lié à des problèmes posés à un certain nombre d'entreprises locales, à des difficultés sur le terrain, des difficultés administratives, des collectivités fermées, notamment aux deuxième trimestre. Nous mettons tout en œuvre pour rattraper ce retard et être le plus rapidement possible au rendez-vous de nos engagements.

Nous avons pris en 2018 un engagement de déploiement à hauteur de 92 % de la zone AMII d'ici fin 2020 et de 8 % raccordable à la demande après 2020. Nous aurons quelques mois de retard pour pouvoir, courant 2022, avoir 100 % de cette zone AMII déployée.

Nous assurons des déploiements en fibre optique dans de nombreux départements, également dans des réseaux d'initiative publique et dans des zones AMEL, dans les Pyrénées-Atlantiques, en Corse, dans le Gard, en Isère, dans la région Sud, en Eure-et-Loir. Nous continuons à être mobilisés. La fibre optique constitue un chantier majeur pour le pays, comme l'ont été à d'autres époques l'eau et l'électricité. SFR est particulièrement fière de prendre sa pleine part.

Sur le New Deal mobile, un certain nombre d'arrêtés ont été publiés depuis 2018, fixant des objectifs et des obligations pour les quatre opérateurs. Au titre du premier arrêté de juillet 2018, SFR devait mettre en service 89 sites au plus tard le 8 octobre 2020. L'échéance réglementaire pour ce lot a été décalée de 3 mois du fait de la crise sanitaire. En octobre 2020, 77 de ces sites ont été mis en service, 12 sites ayant été retardés pour des raisons indépendantes de notre volonté (contraintes administratives, oppositions locales à la construction des pylônes…). Ce solde devrait être résorbé dans les prochains mois.

Au titre du deuxième arrêté, publié en décembre 2018 avec une échéance à fin 2020, 8 sites étaient déjà en service en octobre et 25 autres sites le seront dans les prochaines semaines et prochains mois. La mobilisation de SFR aux côtés des trois autres opérateurs est donc totale. Pour le New Deal mobile, il s'agit d'une mobilisation globale de tout le pays, de tous les opérateurs et des collectivités locales pour enfin résorber le problème des zones blanches.

Sur le sujet de l'accord « Crozon », le cas décrit par Mme la députée Laure de La Raudière est particulièrement rare. Lorsque SFR est opérateur leader, c'est le pylône de SFR qui est conservé. Quand Bouygues est l'opérateur leader, c'est le pylône de Bouygues qui est conservé. Dans le cas décrit, le pylône de Bouygues abrite peut-être aussi d'autres opérateurs, raison pour laquelle il a été maintenu.

Le premier engagement de notre groupe concerne l'investissement parce que, pour régler ce problème de fracture territoriale et de fracture numérique, le premier remède est l'investissement dans les infrastructures et dans les technologies. Il ne suffit pas, comme le dit régulièrement le secrétaire d'État au numérique, d'avoir les infrastructures, il faut aussi avoir les usages. Raison pour laquelle la mobilisation de SFR a été particulièrement forte et s'est encore développée dans cette période de confinement, de plusieurs manières : grâce à des partenariats avec un certain nombre d'associations en faveur de l'inclusion numérique ; avec des partenariats avec les pouvoirs publics nationaux et locaux pour équiper, connecter, voire former des centaines de milliers de personnes exclues du numérique (jeunes, personnes âgées…), et avec des dons de centaines de milliers de recharges prépayées ou de gigaoctets de data, de milliers de boxes, de smartphones à destination d'étudiants ou de personnes en situation de précarité.

Nous allons continuer cette mobilisation. Ce n'est pas parce que toute la France sera fibrée et équipée en numérique que tous les Français auront la capacité d'en avoir l'usage. Notre responsabilité s'inscrit aussi dans ce domaine.

En matière d'environnement, nous avons lancé un plan d'action solidaire au service de la transition écologique avec une quinzaine d'actions concrètes autour de produits et services durables, d'infrastructures écoresponsables et la mobilisation de nos équipes en faveur de cette transition écologique. En 2019, pour l'ensemble des opérateurs, plus d'un million de mobiles ont été conditionnés. 15 % des mobiles vendus par SFR sont ensuite reconditionnés. 87 % des boxes SFR font l'objet de recyclage. Nous avons encore des progrès à faire, comme l'ensemble de la société, mais l'investissement numérique est l'un des investissements les plus responsables écologiquement qui soit.

Pour répondre à Mme Hennion sur Huawei, un sujet très important pour le pays et pour les opérateurs télécoms, Huawei est arrivé en France entre 2005 et 2010. Je crois que France Télécom est le premier opérateur à avoir travaillé avec Huawei. France Télécom était présidée à l'époque par celui qui est devenu depuis un éminent commissaire européen. Depuis lors, les gouvernements successifs ont soutenu, poussé, accompagné le partenariat entre des entreprises technologiques françaises et Huawei. SFR a fait le choix il y a une dizaine d'années, dans le cadre de ses déploiements en 3G et en 4G, de travailler avec deux équipementiers, Nokia et Huawei, pour ses antennes mobiles sachant que, sur des équipements fixes, l'ensemble des opérateurs travaillent avec plusieurs équipementiers dont Huawei et sur le cœur de réseau, aucun opérateur français ne travaille avec Huawei. Nous avons pour les technologies 3G et 4G toujours obtenu, Bouygues Telecom comme SFR, toutes les autorisations nécessaires pour déployer de nombreux pylônes accueillant des antennes Huawei sur l'ensemble du territoire.

À l'aune de tensions diplomatico-commerciales, le sujet Huawei est devenu un sujet global. Nous, opérateurs télécoms, partenaires au quotidien de l'État en matière de sécurité des réseaux et de sécurité des infrastructures, nous avons toujours dit à la Représentation nationale et au Gouvernement que nous respecterions quoiqu'il arrive les règles édictées par les autorités de sécurité informatique.

Quand les règles changent en cours de match, il est normal que celui qui change la règle compense ceux ou celles qui ont à subir ce changement. Quand nous devons changer d'équipementier parce que celui-ci devient interdit sur le territoire national, nous demandons à obtenir une compensation en raison des impacts industriels, concurrentiels, commerciaux, techniques, opérationnels, financiers qu'engendre ce changement. En cela, nous nous inspirons de ce qui se passe à l'étranger. Aux États-Unis, quand l'administration Trump interdit des équipementiers chinois, elle accompagne, avec le régulateur américain, les opérateurs qui ont à subir financièrement cette interdiction.

À l'heure actuelle, nous sommes dans une situation où, d'une part, on nous impose des autorisations temporaires ou des interdictions portant sur l'équipementier Huawei, que nous respecterons bien évidemment et, où d'autre part, nous avons l'obligation en tant que responsables d'entreprise de défendre nos droits. Raison pour laquelle nous avons engagé, en plus du dialogue que nous avons avec les pouvoirs publics depuis deux ans à ce sujet, un certain nombre de recours pour défendre nos droits en la matière.

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