Intervention de Alain Weill

Réunion du mardi 24 novembre 2020 à 18h00
Commission des affaires économiques

Alain Weill, président-directeur général d'Altice France :

Sur le sujet du satellite, qui est effectivement une solution de substitution, nous avons fait le choix de la fibre pour tous. Dans tous les départements qui nous ont confié le soin de déployer la fibre, toutes les RIP, les AMEL, les DSP que nous avons gagnés, nous nous sommes engagés à fibrer l'intégralité des zones concernées, c'est-à-dire à couvrir l'ensemble de la population.

C'est vrai aussi pour le département des Hautes-Alpes. Nous avons lancé le chantier dans ce département. Nous serons au rendez-vous de 2022. Le chantier a démarré il n'y a pas si longtemps puisque nous avons signé il y a moins d'un an les accords le concernant. Celui-ci est effectivement représentatif de la difficulté de déployer la fibre sur l'ensemble du territoire puisque la densité de population dans ce département est extrêmement faible, mais nous nous sommes engagés à couvrir l'ensemble du département parce que la fibre deviendra une obligation pour ne pas dire un droit, comme l'ont été, il y a quelques décennies, l'électricité ou le téléphone. L'électricité a mis plusieurs dizaines d'années pour couvrir l'ensemble du territoire. La fibre finalement va aller beaucoup plus vite, même si aujourd'hui, tout le monde a l'impression que l'absence de fibre est un effort considérable imposé à la population.

Quand je me déplace dans les régions, je rencontre des élus qui me disent : « Avant, on me demandait des places de crèches et maintenant, on me demande la fibre ». Certains me disent aussi : « On me demande des places de crèches et la fibre ». La fibre est devenue un équipement très important. Nous en sommes conscients. C'est d'ailleurs gratifiant de contribuer à un chantier aussi important. Comme M. Arthur Dreyfuss le disait, c'est 4 000 prises que nous délivrons chaque jour. C'est donc un chantier qui est considérable.

Notre groupe détient une véritable expertise. Sur les quatre opérateurs télécoms dans le pays, seulement deux déploient de la fibre sur l'ensemble du territoire : Orange et nous. Nous pouvons partir du réseau câblé dont le groupe Altice avait fait l'acquisition pour le moderniser et le transformer en fibre à ce réseau s'ajoutent les zones AMII que nous desservons aux côtés d'Orange – nous avons à peu près un quart de la zone AMII en France – et puis tous les DSP, RIP et autres AMEL que nous avons gagnés ces dernières années.

Nous avons ce savoir-faire parce qu'avant de déployer de la fibre, nous déployions du câble. Chez Altice, il existe une vraie culture du déploiement d'infrastructures, de câble ou de fibre. Au Portugal où nous avons racheté, il y a quelques années, le premier opérateur du pays, nous avons terminé de fibrer le pays. Nous avons un réel savoir-faire et je crois que les élus locaux ou nationaux peuvent nous faire confiance sur le fait que nous serons au rendez-vous du déploiement de la fibre sur l'ensemble du territoire.

Le satellite est une solution alternative qui est assez limitée. Nous pensons que la solution d'avenir pour tout le monde est la fibre, sauf, dans certains cas, la mise en place de la 5G avec des systèmes de boxes qui peuvent se substituer à la fibre comme la 4G le fait déjà.

La 5G est une technologie très performante. Je ne crois pas que ce serait une bonne solution de l'installer d'abord dans les petites villes, car c'est dans les grandes villes où nous en avons besoin tout de suite parce que nos réseaux 4G sont saturés. Il me paraît plus logique de déployer d'abord la 4G dans les petites villes et les zones rurales avant de lui substituer la 5G lorsque ces réseaux seront, à leur tour, saturés. Les demandes de débit seront en effet exponentielles avec tous les services qui vont exister et qui vont être lancés dans les années qui viennent.

Concernant les droits sportifs à la télévision, le monde de la télévision est en train de changer. La presse a souffert de l'arrivée du digital parce que la concurrence a été brutale. Face à l'information payante disponible sur le papier, on disposait de l'information gratuite sur le digital. Heureusement, on se rend compte aujourd'hui que le public est prêt à payer une information de qualité. Face aux fake news, face à la multiplication de sites dont la qualité est très contestable, les gens ont besoin d'être rassurés par de grandes marques. Aujourd'hui, on constate que les gens sont prêts à payer du contenu de qualité.

La télévision connaît, elle aussi, une situation de transformation délicate qui va toucher toutes les grandes chaînes, ce qui nous a obligés à nous adapter. Nous l'avons fait assez tôt. Nous l'avons fait aussi parce que nous traversions une crise économique très difficile, avec un effondrement des recettes publicitaires quand nos charges restaient au niveau maximum avec notre obligation de couvrir l'actualité dans une crise sanitaire aussi importante. Les grandes chaînes généralistes vont rentrer dans une période très difficile parce que les audiences vont baisser. En ce moment, les Français, le soir, suivent la série The Crown, dont la quatrième saison a été lancée récemment. Il s'agit d'une série de qualité, qui coûte 10 millions d'euros l'épisode. En France, seuls deux ou trois films par an bénéficient d'un tel budget.

La nouvelle télévision nécessite donc de s'adapter. Cette télévision-là fait aussi de l'ombre au sport à la télévision. Il y a quelques années, quand il y avait un très beau match de championnat de France ou de Champions League, il n'y avait pas beaucoup de concurrence. Aujourd'hui, dans une famille, on a le choix entre le match de foot et le nouvel épisode de The Crown, qui peut fédérer un public plus large si l'on veut se retrouver tous ensemble autour du téléviseur, ce qui est de plus en plus difficile.

Le monde du sport est lui aussi challengé par la transformation digitale. Les plateformes digitales vont se porter candidates pour les droits sportifs. Notre groupe a donc préféré s'adapter, évoluer. Notre groupe est extrêmement mobile. Nous jouons un rôle stratégique au cœur de cette transformation digitale. La convergence médias/télécoms est aujourd'hui une réalité puisque le secteur de la télévision dépend largement du secteur des télécoms. La télévision moderne, la télévision replay, les plateformes numériques ne sont regardables qu'à travers des réseaux connectés, donc qu'à travers la fibre. Le secteur de la télévision a changé. C'est aussi cela qui m'a conduit à revoir l'organisation de mon groupe il y a quelques années et à me rapprocher d'un groupe de télécoms.

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