Intervention de Julien Dive

Réunion du mercredi 25 novembre 2020 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive, co-rapporteur :

Avant de poursuivre, je souhaite remercier M. Vincent Rolland et Mme Marie-Noëlle Battistel, que nous avons souhaité associer cette semaine à nos travaux, et qui nous ont notamment transmis des contacts utiles.

Les autres questions des acteurs du tourisme de montagne portent sur les mesures à prendre pour sauver la saison. Ils demeurent en effet convaincus que c'est encore possible, et soulignent à cet égard que la saison 2020-2021 aurait été une saison record en l'absence de crise. Les Français ont une grande appétence pour la montagne, comme l'illustre leur réactivité à organiser leurs séjours dès que cela leur est possible. Mais cela suppose qu'ils aient, de manière pas trop tardive, des certitudes sur les possibilités d'accueil et d'activités dans les stations françaises et sur les possibilités de transport pour s'y rendre. Des décisions fermes doivent donc être prises sur la date d'une éventuelle ouverture et sur ses conditions.

Les professionnels ont besoin de clarté sur leurs marges d'action. Il en va de leur capacité à s'assurer du retour des clients. Chaque semaine de commercialisation perdue entraîne en effet la perte d'une partie importante de la clientèle. Cette clarté est aussi stratégique pour décider de l'ampleur des préparatifs à engager pour la saison, et de l'ampleur des recrutements à finaliser. Elle est enfin cruciale pour le moral des professionnels, qui, comme nombre de nos concitoyens, supportent difficilement les incertitudes qui pèsent sur leur avenir.

Ils ne sont pas pour autant inconscients de la gravité de la situation sanitaire de la France et de leurs propres territoires, qui connaissent aujourd'hui des taux de contamination comptant parmi les plus élevés du pays. Ils savent qu'au regard des tensions actuelles dans les hôpitaux, demander une décision trop prématurée leur ferait courir le risque d'un refus. Ils préfèrent aussi éviter des décisions trop précipitées et des mesures insuffisamment pensées qui conduiraient à une nouvelle fermeture ultérieure. Ils se disent donc prêts à attendre encore quelque temps pour retrouver une activité dans la durée. Cette prudence constructive est partagée par le Premier ministre qui, après avoir consulté les principales organisations professionnelles et les élus concernés, avait annoncé lundi matin qu'une décision sera prise dans les dix prochains jours, tout en précisant toutefois que l'évolution de la situation sanitaire sera le critère essentiel du Gouvernement, qui veillera également à assurer la cohérence de ses actions avec celles de nos voisins européens.

En attendant, les professionnels ont activement travaillé sur les mesures à prendre pour éviter un reconfinement ultérieur. La définition de protocoles sanitaires et la mobilisation des moyens de protection et de contrôle nécessaires sont au cœur de leurs stratégies. L'arrivée des tests antigéniques a profondément changé les approches : les entreprises veulent pouvoir réaliser des dépistages dès l'arrivée de leurs employés et régulièrement tout au long de la saison. Les stations souhaitent installer leurs propres centres de test et habiliter de nouveaux professionnels à effectuer des prélèvements, les pisteurs secouristes en particulier. On peut supposer que cette tâche sera très lourde. Le port du masque serait probablement exigé partout, sauf sur les skis, et contrôlé à la demande des communes. Pour décharger les hôpitaux de la traumatologie habituelle, des partenariats sont conclus avec les cliniques. Enfin, des protocoles sanitaires renforcés ont été étudiés. La Savoie, en particulier, a eu une démarche originale et prometteuse, en s'attelant à la définition d'un protocole collectif et global, traitant de tous les types d'activités.

La créativité des territoires nous conduit à suggérer que soit organisé, au niveau national, un partage des bonnes pratiques et des idées qui émergent des différents terrains et professions. Ce serait fructueux pour l'ensemble des acteurs impliqués, même si nous entendons leur attachement à une définition locale des protocoles sanitaires. À ce jour, les professionnels attendent la validation de leurs propositions. Ils reconnaissent enfin que le contrôle des rassemblements non autorisés sera plus difficile à organiser ; certains maires envisagent de faire appel à la gendarmerie. En tout état de cause, les stratégies seront décidées par chaque station.

Un autre arbitrage très attendu concerne les activités qui pourraient ne pas reprendre, ou de manière limitée. Les professionnels réfléchissent aux éventuelles restrictions, et les représentants des secteurs de l'hôtellerie et de la restauration (HCR) font savoir qu'ils sont prêts à s'adapter s'ils peuvent être autorisés à rouvrir. Les acteurs du tourisme de montagne craignent néanmoins que la fermeture de tous les restaurants et cafés ne déçoive leurs clients. Aussi, pour préserver l'ambiance des vacances, ils demandent que l'on étudie des solutions qui conservent quelques lieux de convivialité, comme les restaurants d'altitude, ou au moins leurs terrasses, avec les mesures sanitaires nécessaires. En tout état de cause, les professionnels des secteurs HCR revendiquent que les appartements réservés via les plateformes de location soient soumis aux mêmes exigences sanitaires que les résidences des autres acteurs de ces secteurs.

Le ministère chargé du tourisme nous a indiqué que ces divers sujets seront discutés dans un Comité stratégique du tourisme de montagne, que le Gouvernement doit lancer très prochainement. De façon prometteuse, il prévoit de « préparer au mieux la réouverture des stations et l'accueil du public, dès que les conditions sanitaires le permettront ». Cette coordination est très attendue par les professionnels, dont les représentants devraient être associés à la démarche. Il reviendra au Gouvernement d'arrêter les grands arbitrages et de définir le niveau d'exigence sanitaire. Nous tenons toutefois à dire notre conviction que, sur le terrain, l'efficacité des mesures mises en œuvre est plus grande quand elles sont définies en étroite concertation avec l'ensemble des acteurs locaux.

Nous soulignons enfin que, face à une crise qui peut se prolonger encore des mois, il est nécessaire d'arrêter des règles durables. Ce sera une discipline à prendre pour les professionnels de terrain, mais c'est aussi une demande de clarté et d'anticipation adressée aux ministères compétents.

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