Intervention de Pascale Boyer

Réunion du mercredi 25 novembre 2020 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascale Boyer :

Je souhaite remercier nos deux rapporteurs pour la qualité de leur expertise. Élue des Hautes-Alpes, territoire de sport de pleine nature, je porte un fort intérêt aux sports pratiqués dans les territoires de montagne, bons pour la santé et générateurs d'une économie vitale. Qui aurait pu imaginer en 1895, date de la création à Grenoble du premier club de ski des Alpes, qu'en 2020, 250 stations de ski seraient réparties sur les six principaux massifs du territoire national. Qui aurait pu imaginer que 44,9 millions de forfaits-jour seraient vendus tous les ans ? Cette activité est capitale pour les territoires de montagne, car elle représente 120 000 emplois pour les stations de ski et les fonds de vallée, dont 18 000 emplois directs et 80 % d'emplois saisonniers. Le 17 mars dernier, tout s'est arrêté alors que la saison battait son plein. Les vacances d'hiver s'étaient bien déroulées, avec un taux de fréquentation élevé dû à un excellent enneigement. La fin de saison anticipée a engendré des pertes de 1,5 Md€.

Le Président de la République a annoncé hier, au cours de son allocution, que les stations pourraient probablement ouvrir à la mi-janvier 2021. Par suite de cette ouverture retardée de quasiment deux mois pour les stations de haute altitude et de quasiment un mois pour les autres, divers problèmes se posent. L'emploi constitue le problème majeur. Le 16 novembre dernier, la ministre du travail a incité à l'embauche des saisonniers, quitte à les placer en activité partielle. Jusqu'au 31 décembre 2020, l'État prend en charge à 100 % leur activité partielle. Cette prise en charge devrait être prorogée au-delà du 31 décembre. De plus, certaines régies de remontées mécaniques, qui ont une personnalité morale distincte de leur collectivité de tutelle, n'ont pas accès au dispositif d'activité partielle, ce qui pose actuellement problème pour l'embauche de leurs salariés. Les contrats de travail débutent quelques semaines avant l'ouverture des stations afin de préparer les pistes et de mettre en place les formations de remise à niveau des pisteurs secouristes. Ces pertes d'exploitation auront des conséquences sur les investissements futurs, à l'heure où les exploitants affichent des objectifs très ambitieux de neutralité carbone des domaines skiables à l'horizon 2037.

L'économie du tourisme hivernal en montagne fait vivre les fonds de vallée aussi bien que les stations. Les saisonniers sont très souvent pluriactifs : une multitude d'emplois locaux non délocalisables dépendent de cette activité. Ainsi en est-il notamment des autocaristes, des restaurateurs, ou encore des moniteurs de ski.

Je souhaite évoquer également l'impact de la crise sur les exploitants des résidences de tourisme, qui se trouvent dans une situation préoccupante en raison du poids des loyers à payer, problème non résolu mais que le ministre de l'économie, des finances et de la relance s'est engagé à prendre en main.

J'attire votre attention sur la nécessité d'harmoniser la date d'ouverture des stations annoncée pour la mi-janvier avec celles retenues par nos voisins européens afin de ne pas susciter des distorsions de concurrence.

Je tiens à remercier les entreprises du secteur, les professionnels, les élus locaux et les services de l'État qui travaillent assidûment pour permettre l'ouverture la plus rapide possible des stations, en tenant compte de la capacité des hôpitaux à recevoir à la fois des patients atteints de la covid-19 et des patients victimes d'accidents sportifs. J'en profite pour saluer les équipes de soignants qui se préparent à affronter dans nos territoires ces périodes hivernales difficiles.

Je vous remercie, et vous invite à venir découvrir les stations de ski dès qu'elles seront ouvertes. Les montagnards en ont besoin !

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