Intervention de Serge Letchimy

Réunion du mercredi 3 février 2021 à 16h45
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy :

Madame la ministre, c'est toujours un plaisir de vous retrouver. Je ne parlerai pas beaucoup du Brexit et m'en excuse par avance. Je ne peux que saluer votre action en la matière, qui vise à permettre une sortie acceptable de la Grande-Bretagne tout en préservant l'équilibre de l'Union européenne.

Les outre-mer couvrent 12 millions de kilomètres carrés, faisant de la France la deuxième puissance maritime mondiale. Ils représentent 97 % de notre surface maritime, 80 % environ de celle de l'Europe. Or on n'en parle pas. On ne s'en occupe pas. On les ignore. À la rigueur, on les considère comme des éléments additionnels. J'y vois une absence de prise de conscience de la réalité, et peut-être surtout de l'ignorance. Il faut cesser de considérer ces territoires sous un angle esthétique – les traditionnels rivages plantés de cocotiers – et mettre en valeur la puissance maritime qu'ils représentent, afin de se l'approprier et d'en faire un vecteur d'émancipation et de développement économique.

Un débat fondamental est en cours concernant l'interprétation de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. C'est la définition juridique de la notion de plateau continental qui est en cause, à savoir la prise en compte des terres submergées prolongeant le continent. Or la plupart des pays d'outre-mer sont tenus à l'écart des discussions au sein de la commission des limites du plateau continental, au prétexte qu'ils font partie de la République. Le secret entourant ces discussions montre d'ailleurs qu'il y a là un enjeu stratégique au niveau mondial. Nous ne contestons pas l'appartenance de nos territoires à la République, mais nous devrions être informés de ce qui se passe. Si les territoires d'outre-mer sont très petits, ils disposent de surfaces maritimes exceptionnellement grandes. Comment voulez-vous que nous nous réappropriions ces espaces maritimes, que nous en fassions des espaces de progrès et de prospérité si nous sommes maintenus dans l'ignorance et si nos propres richesses sont aliénées ? Madame la ministre, je vous invite pour la énième fois à agir sur ce point, dont vous savez mieux que quiconque l'importance.

J'ai déjà eu l'occasion de vous interroger également à propos des pêcheurs locaux. Une île qui n'a plus de pêcheurs est perdue, car cela signifie qu'elle a ignoré son patrimoine. S'agissant du Brexit, on a trouvé des solutions pour les pêcheurs parce qu'ils constituent un patrimoine à la fois économique, culturel et environnemental. Or la pêche traditionnelle existe outre-mer aussi bien qu'ailleurs. Je considère qu'il n'y a pas eu de réponse politique suffisamment forte, notamment pour faire face à la pollution au chlordécone.

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