Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mercredi 3 février 2021 à 16h45
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Madame la ministre, nous avons failli nous croiser il y a quelques jours sur les quais de Dieppe à l'occasion de l'inauguration d'un bateau-école construit par Manche Industrie Marine. Ce n'est que partie remise : je sais que vous êtes une femme de parole et que vous finirez bien par venir dans mon beau port de pêche.

Hier, M. Michel Barnier nous a confirmé le plan de soutien européen : 5 milliards d'euros seront affectés aux secteurs économiques et aux territoires. La Normandie est aux premières loges, et Dieppe est à la fenêtre : elle est située en face de Newhaven et possède un port transmanche. La France, si j'ai bien compris, disposera de plusieurs centaines de millions d'euros l'année prochaine et l'année suivante. Comment le plan va-t-il se décliner ? Quels secteurs et quels territoires seront-ils concernés et, au-delà des mesures conjoncturelles immédiates, quelles mesures structurelles envisagez-vous ?

Même si vous venez de nous présenter le plan et que nous en avions déjà pris connaissance dans la presse, un véritable débat au Parlement me paraît nécessaire, y compris pour consolider la légitimité et accroître le rayonnement du ministère de plein exercice que vous dirigez – dont Mme Annaïg Le Meur et moi-même avions réclamé la création dans le rapport d'information que notre commission avait consacré à la pêche.

La pêche a besoin de ce plan, autant que l'activité transmanche, laquelle est un véritable outil d'aménagement du territoire. À cet égard, les aides ne doivent oublier aucune des liaisons transmanche. La compagnie Bretagne-Angleterre-Irlande (BAI) en a bénéficié. La liaison transmanche entre Dieppe et Newhaven, quant à elle, reste dans l'attente d'un accompagnement structurant.

S'agissant des licences provisoires accordées par Jersey, il faudra clarifier les choses. Pour les pêcheurs des Hauts-de-France, les plus proches des eaux territoriales britanniques, le compte n'y est pas tout à fait : de quelles informations supplémentaires disposez-vous en ce qui concerne le nombre de licences ?

La République doit protéger une pêche à dimension humaine. Ce modèle, fait d'entreprises artisanales dont les emplois font vivre nos ports et nos criées, risque d'être laminé par les Néerlandais, pour ne citer qu'eux : ils pillent nos ports, spolient nos sociétés en s'appropriant les droits de pêche d'une manière capitalistique. Nous sommes à un tournant : avec le Brexit, l'espace rétrécit, ce qui accroît les efforts de pêche sur notre littoral. Dans ce contexte, nous donner la possibilité de débattre de ce modèle constituerait un signe fort. Cela permettrait de progresser dans la définition d'une pêche à dimension humaine, d'une pêche artisanale. J'en mesure la difficulté, mais nous avons su le faire s'agissant des exploitations agricoles. C'est d'ailleurs l'objet de la proposition de loi que j'ai rédigée dans le prolongement du rapport que j'évoquais, qui avait été adopté à l'unanimité par notre commission.

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