Intervention de Ugo Bernalicis

Réunion du mercredi 6 décembre 2017 à 10h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaUgo Bernalicis :

Je vois bien la dimension technique du texte ; je ne reviendrai pas sur les pertinentes remarques formulées par mes collègues Laurence Vichnievsky et Stéphane Peu, mais sur l'esprit général. J'entends ici et là que l'unanimité règne et que nous sommes tous très heureux d'accueillir les Jeux. Il ne vous aura pas échappé que notre courant politique s'était opposé dès le départ à la candidature de la Ville de Paris, non par désamour ou désintérêt pour le sport – je suis moi-même sportif et non de la tendance Churchill –, mais parce qu'un certain nombre de conditions ne nous semblent pas réunies pour faire de ces Jeux un véritable événement sportif au sens noble du terme. Encore et toujours, c'est finalement l'argent et le business qui portent ces Jeux.

Qu'en est-il de la réforme du CIO pour éviter que se renouvellent les désagréments de Rio 2016 ? Nous n'avons pas plus d'éléments. Ce scandale de corruption ne remonte qu'à l'année dernière ; des articles de presse lui ont encore été consacrés récemment. Nous aurions pu faire d'une clarification la condition de notre intérêt pour les Jeux. J'entends bien que les sanctions applicables au délit de corruption seront durcies ; cela va dans le bon sens et nous y sommes favorables. Mais après l'euphorie de la candidature aux JO, que voit-on ? Le budget, toujours voué à être dépassé ; le problème de la conversion du village olympique ; le changement des règles d'urbanisme, le droit commun ne pouvant s'appliquer ; le recours à des cours d'arbitrage à la place des tribunaux du droit commun. C'est là qu'on se rend compte que les Jeux ne sont pas simplement un bel événement sportif ! Sans parler de la question de la publicité – je soutiens les propos tenus par mon collègue Stéphane Peu. Nous sommes par nature opposés à l'extension de la publicité en général, nous y sommes encore plus hostiles dans le cadre des Jeux. Comment se réclamer de l'esprit du sport, prôner le souci du bien-être et la compétition entre les nations, tout en disant les recettes publicitaires bienvenues parce qu'il faut bien qu'à la fin des poches se remplissent ?

Au-delà, nous savons quelles difficultés rencontrent certaines fédérations sportives, certains petits clubs pour boucler leur budget et, à l'inverse, avec quelle facilité, pour un grand événement international, on peut sortir plusieurs centaines de millions, plus d'un milliard d'euros même, si je m'en tiens au budget prévisionnel qui sera à coup sûr dépassé ! La question se pose de l'usage de cet argent. Ne servirait-il pas plus utilement pour renforcer des clubs sportifs du pays ? D'autant plus, ne l'oublions pas, que le sport est une histoire de pyramide : pour avoir beaucoup de sportifs de haut niveau et remporter des médailles aux Jeux – pour être « compétitifs », terme que vous appréciez particulièrement – il faut une base de sportifs large et diverse. Force est de constater que, loin d'élargir la base, nous passons notre temps à appliquer, y compris dans ce domaine, des politiques d'austérité.

Pour toutes ces raisons, nous restons opposés à l'organisation des Jeux de 2024 à Paris. Nous nous opposerons aussi, tout au long de l'examen de ce texte, à son caractère dérogatoire, et nous nous associerons aux revendications formulées par M. Stéphane Peu en matière d'urbanisme et de publicité. Telles sont les remarques que je voulais faire au nom du groupe La France insoumise.

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