À l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 25 novembre, nous avons souhaité organiser ce colloque sur le viol, afin de mieux appréhender une forme de violence qui est encore dramatiquement répandue dans notre pays.
Chaque année, environ 100 000 adultes sont violés en France. Parmi ces victimes, on compte 85 % de femmes. De plus, d'après certaines estimations, le nombre de mineurs victimes de viols serait au moins aussi important.
Il faut également rappeler que, par la suite, seulement 10 % de ces victimes de viol portent plainte, que seulement 3 % des cas font l'objet d'un jugement et seulement 1 % aboutit à une condamnation.
Cette situation est inacceptable. Elle pose à mes yeux la question du type de société que nous voulons. Aucun chiffre ne peut rendre compte de cette réalité, mais ce sont chaque jour plusieurs centaines de viols qui sont commis en France. Si l'on retient seulement le chiffre de 85 000 femmes majeures violées chaque année, ce sont plus de 230 viols qui sont commis chaque jour. Et, encore une fois, ce chiffre doit sans doute être doublé si l'on compte également les viols commis sur des personnes mineures. Voulons-nous réellement continuer à vivre dans une société où les viols sont aussi nombreux ?
Il me semble que la réponse est évidente et que chacune des personnes présentes ici aujourd'hui souhaite lutter contre les viols, et plus largement contre tout type de violences sexuelles.
Alors comment faire pour changer cette réalité dont nous ne voulons plus ?
Ce colloque s'inscrit dans le cadre de travaux d'information sur le viol au sein de la Délégation aux droits des femmes, avec pour ambition l'adoption d'un rapport, corédigé par Mme Sophie Auconie et moi-même, qui permettra de formuler des recommandations concrètes pour améliorer les conditions de prise en charge des victimes de viols et changer le paradigme de la société française à ce sujet. Je tiens par ailleurs à saluer le travail réalisé par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), à travers son Avis pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et autres agressions sexuelles. C'est un document précieux, sur lequel nous nous appuyons.
La question du viol posant des problèmes extrêmement nombreux et complexes, nous avons fait le choix d'orienter ce colloque sur des problématiques spécifiques.
Une première table ronde s'articulera autour des différents aspects sociologiques, juridiques et psychologiques de la notion du consentement à la sexualité, et des difficultés pour en saisir les contours juridiques et judiciaires. Je salue d'ailleurs la présence de la présidente de la commission des Lois, dont le soutien nous sera précieux.
La seconde table ronde sera consacrée à la propagation par les médias de stéréotypes négatifs qui contribuent notamment à véhiculer l'idée que passer outre le « non » peut faire partie d'un jeu de séduction, en légitimant une conception violente de la sexualité.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces sujets, mais j'aurai l'occasion de revenir sur ces problématiques et sur l'engagement sans faille de la Délégation aux droits des femmes pour lutter contre le viol et contre les violences faites aux femmes.
Je vais donc dès maintenant laisser la parole à Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, que je remercie une nouvelle fois pour sa présence parmi nous aujourd'hui.