Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mardi 28 septembre 2021 à 17h35
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Naval Group est un poids lourd – 16 000 salariés –, qui exerce son activité dans un secteur – le commerce des armes – qui n'est pas tout à fait comme les autres. Comme le disait le général de Gaulle, en la matière, les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. L'État français étant actionnaire à 63 % de votre entreprise, il est légitime que la Représentation nationale vous demande de nous apporter des explications en toute transparence.

Je souhaite que nous complétions l'exposé franc que vous nous avez livré par une audition des organisations syndicales, qui pourront nous donner leur avis sur la commande australienne et, éventuellement, nous faire part des aléas et des risques qu'elles avaient signalés. Je les ai rencontrées à plusieurs reprises pour évoquer les conséquences économiques et sociales d'une stratégie d'externalisation qui fait peser une menace sur la souveraineté de l'entreprise.

Vous nous avez expliqué comment votre groupe et, partant, la France ont été roulés dans la farine. Nous estimons que cette affaire doit être l'occasion pour l'État actionnaire et Naval Group de revoir la stratégie industrielle et commerciale de l'entreprise que vous dirigez. Monsieur le président-directeur général, qu'en pensez-vous ?

Aujourd'hui, on danse le sirtaki parce qu'on a signé le contrat avec les Grecs, mais nous savons tous qu'il était dans les tuyaux depuis deux ans. En outre, il ne représente pas un grand poids en termes de chiffre d'affaires : il aura des conséquences économiques et sociales limitées.

Naval Group a fait le choix, avec l'assentiment de l'État actionnaire, dans la continuité de la politique des Présidents de la République successifs, d'asseoir son développement sur l'exportation à tous crins. Il a créé des montages industriels qui organisent l'externalisation des activités, allant même jusqu'à encourager la délocalisation d'une partie de la production. Naval Group a ainsi pris le risque de s'exposer, comme cela s'est vérifié avec ce « contrat du siècle », à des changements géopolitiques. Cela ne doit-il pas nous conduire à ré-internaliser un certain nombre de commandes, y compris pour les besoins de notre pays ? Le Parlement doit avoir son mot à dire à ce sujet. Il faudrait « reprendre pied dans le domestique », comme disent les salariés. Aujourd'hui, Naval Group travaille dans le noir – les sous-marins – mais a délaissé le gris – les bâtiments de surface. Ce n'est pas le résultat de la fatalité mais d'un choix stratégique industriel. Nous souhaitons obtenir la garantie que les collaborateurs – dont vous avez dit qu'ils n'étaient aucunement responsables de cette situation – verront leur emploi, leurs savoir-faire, leur dignité, leur ancrage en Normandie préservés.

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