Intervention de Philippe Bolo

Réunion du mercredi 13 octobre 2021 à 9h35
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Bolo :

J'ai l'impression que le mathématicien s'est muté en un biologiste qui a disséqué méthodiquement les crédits et le sujet des déchets médicaux.

La crise sanitaire a mis en lumière les besoins d'investissement de la recherche française. Le retard accumulé nous a coûté cher : les réactions doivent donc être à la hauteur des défis qu'il nous faut affronter. Je salue le respect, par ce PLF, de la trajectoire fixée par la LPR, qui se traduit par une augmentation de 500 millions d'euros des crédits affectés à la recherche en 2022. Cette somme vient s'ajouter aux 400 millions déjà obtenus en 2021. Globalement, les moyens de la mission augmentent de près de 800 millions d'euros par rapport à 2021, soit une hausse de presque 3 %. Certains crédits seront directement destinés aux personnels de recherche ; à cet égard, nous saluons les revalorisations indemnitaires à hauteur de 92 millions d'euros, qui s'ajoutent à celles déjà engagées par la loi de finances de 2021.

L'ensemble de ces mesures doivent nous permettre de mettre la France en conformité avec ses engagements européens. En vertu de la stratégie de Lisbonne, la part du PIB consacrée à la recherche et au développement doit en effet atteindre 3 %, et nous n'y sommes malheureusement pas encore parvenus. Votre démonstration est éclairante : rapportées à la population des deux pays, les ressources de l'organisme français de recherche en santé sont dix fois moindres que celles de son homologue américain.

N'oublions pas que les crédits de la mission seront complétés par les moyens prévus dans le cadre du plan de relance et par le quatrième programme d'investissements d'avenir (PIA4). Grâce à ces dispositifs complémentaires, 4,6 milliards d'euros seront investis au cours des trois prochaines années sur le périmètre strict de la recherche – cette somme dépasse 6 milliards d'euros si l'on regarde le périmètre des opérateurs concernés par la LPR. Si ces investissements doivent être salués, nous veillerons à ce qu'ils soient poursuivis et à ce que les organismes de recherche ne soient pas fragilisés par le caractère temporaire de la mission Plan de relance.

Le Président de la République a annoncé hier un plan d'investissement massif dénommé France 2030 et doté de 30 milliards d'euros. Ce plan tire les leçons de la crise sanitaire en matière de dépendance et de puissance de l'innovation ; en outre, il tient compte des transitions écologiques et démographiques à l'œuvre. Il met en évidence un certain nombre d'enjeux en lien avec la recherche : ainsi, le Président de la République a souhaité « faire émerger en France, d'ici à 2030, des réacteurs nucléaires de petite taille », « devenir leader de l'hydrogène vert en 2030 », « produire en France le premier avion bas-carbone », ou encore « avoir au moins vingt biomédicaments contre les cancers, les maladies émergentes et les maladies chroniques ». Ces objectifs soulignent et réaffirment le besoin de soutenir la recherche.

Monsieur le rapporteur pour avis, vous êtes aussi le président de l'excellent OPECST. Cet office a produit des notes très précises relatives aux moyens et aux outils disponibles pour lutter contre la covid. En quoi ces notes mettent-elles en évidence les points de vigilance sur lesquels nous devons nous appuyer pour concrétiser les objectifs de la mission ? Vous avez parlé d'effectivité, je parle de concrétisation. Comment pouvons-nous nous nourrir de l'expérience de la covid pour nous assurer que nous atteindrons bien les objectifs que nous nous fixons ?

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