Au nom du groupe Mouvement démocrate et démocrates apparentés, je tiens à vous féliciter, Monsieur le rapporteur pour avis, pour la qualité et l'intérêt de votre travail, qui montre bien votre sensibilité européenne.
Comme vous le soulignez, le commerce extérieur de notre pays a subi depuis mars 2020 les effets économiques très lourds de la crise sanitaire. L'an dernier, les exportations de biens ont ainsi chuté de près de 16 %. Dans le même temps, les flux d'investissements directs étrangers reculaient massivement – tout comme les flux de consommation touristique des visiteurs étrangers, qui correspondent en réalité à des exportations à l'intérieur du pays –, dans une proportion de 83 %. En outre, certaines filières industrielles, comme l'aéronautique, n'ont pas retrouvé leur niveau d'avant-crise. Cela souligne la nécessité de poursuivre nos efforts en matière d'attractivité, de compétitivité et de soutien à l'export en vue de relancer la production et l'emploi en France.
Néanmoins, les moyens inédits que nous avons déployés dans le cadre du plan de relance national et de Next Generation EU, le plan de relance européen, ainsi que l'effort vaccinal ont permis à l'économie française de rebondir rapidement. En juin dernier, les exportations de biens atteignaient déjà 98 % de leur niveau pré-covid et la France reste, selon le baromètre établi par EY, le pays européen le plus attractif en matière d'investissements, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.
En tant que députée du Pas-de-Calais, je me félicite tout particulièrement du fait que les Hauts-de-France figurent, dans le classement établi par Business France, parmi les trois régions les plus attractives pour les nouveaux investissements étrangers en 2020. Ces résultats sont évidemment le fruit des efforts réalisés dans le cadre du plan de relance – j'invite à veiller tout particulièrement sur le secteur des foires et salons, lieux d'échanges par excellence, mis à mal pendant la pandémie et qui sont un maillon non négligeable de l'accroissement de nos exportations. Ils s'inscrivent aussi dans une trajectoire de développement de l'attractivité à plus long terme. La baisse progressive de l'impôt sur les sociétés, engagée en 2019, nous permettra ainsi de nous rapprocher de la moyenne européenne, avec un taux de 25 % dès l'année prochaine. Mentionnons aussi la baisse des impôts de production incluse dans le plan de relance, ainsi que la mise en place de la Team France Invest, qui contribue à renforcer l'attractivité et la compétitivité de nos entreprises en Europe et à l'international. N'oublions cependant pas la maîtrise des langues, traditionnellement bien trop faible dans notre pays, et qui doit impérativement être améliorée, car c'est essentiel pour la fluidité des échanges.
Les orientations budgétaires prévues pour le commerce extérieur dans le cadre du PLF pour 2022 s'inscrivent dans la trajectoire ouverte par les lois de finances des précédentes années. En conséquence, le groupe MODEM est favorable à l'adoption des crédits de la mission Économie, pour ce qui concerne le commerce extérieur.
Toutefois, et pour aller plus loin, il convient de noter que l'on ne peut se contenter en la matière d'une politique d'attractivité et de compétitivité. Comme vous le soulignez dans votre rapport, il s'agit aussi d'un enjeu de souveraineté. Les récentes hausses des prix de l'énergie et des matières premières, ainsi que les difficultés d'approvisionnement durant la crise sanitaire, nous ont fait prendre conscience de nos vulnérabilités. Il est nécessaire de réduire celles-ci, et cela en étroite coopération avec l'Union européenne et ses États membres, puisque la politique commerciale est une compétence exclusive de Bruxelles. Il serait souhaitable de concevoir à moyen terme une politique commerciale et industrielle européenne afin de réduire les vulnérabilités et dépendances que vous analysez dans votre rapport. Cela aurait en outre pour conséquence de favoriser l'emploi et l'innovation en France et en Europe tout en garantissant le respect de normes sociales et environnementales ambitieuses dans le cadre d'un partage de la valeur équilibré entre les États. La France, où l'emploi industriel est devenu beaucoup moins important qu'en Allemagne ou en Italie, pourrait bénéficier d'une telle dynamique. C'est la raison pour laquelle je vous remercie d'avoir abordé cet aspect dans votre rapport. Cela devrait inciter le Gouvernement à promouvoir un agenda ambitieux en matière de politique commerciale et industrielle durant la présidence française du Conseil de l'Union européenne.
Cet enjeu souligne l'importance d'avoir, en matière de commerce extérieur, une vision stratégique combinant deux efforts : premièrement, renforcer la compétitivité de nos entreprises, sur le plan des investissements comme sur celui des exportations ; deuxièmement, veiller à la maîtrise des chaînes d'approvisionnement, de manière à renforcer notre autonomie et notre résilience. À cet égard, l'appel à projets de relocalisation et de sécurisation de nos approvisionnements stratégiques, doté de 850 millions d'euros dans le cadre du plan France relance et qui a déjà débouché sur 380 dossiers de relocalisation, est une première étape très encourageante, susceptible d'inspirer des dispositifs similaires à l'échelle européenne.