En premier lieu, je rappelle que nous sommes appelés à nous prononcer sur le programme 134, et non à analyser la politique économique du Gouvernement dans son ensemble – même si les deux sont liés.
On ne peut nier que l'augmentation des crédits de ce programme est essentiellement due à la hausse des moyens alloués à La Poste : c'est un fait incontestable, ce sont des chiffres. Cette hausse n'est pas destinée à accompagner une réforme des modalités de distribution ; le Gouvernement n'a aucunement l'intention de revoir les missions qui sont dévolues à La Poste. Le programme ne bénéficie donc d'aucune hausse substantielle de crédits. En revanche, il enregistre une baisse s'agissant des sites électro-intensifs. Les chiffres ne mentent pas.
Il n'y a aucune visibilité sur le moyen terme, aucune lisibilité sur l'articulation avec le plan de relance. Aucune perspective économique n'est donnée à nos entrepreneurs puisque les mesures prises dans le cadre du plan de relance ont vocation à s'éteindre l'année prochaine. C'est la raison pour laquelle l'exécutif et le Président de la République s'emploient à annoncer de nouveaux mécanismes, mais sans la moindre lisibilité pour nos entrepreneurs plongés dans le flou.
J'ai évoqué la direction générale des entreprises dans mon rapport car j'ai auditionné ses responsables. Dans la mesure où elle fait partie du ministère de l'économie, des finances et de la relance, elle n'est sans doute pas la mieux placée pour critiquer des dispositifs dont la mise en œuvre lui incombe. En revanche, dans d'autres auditions que j'ai menées, l'empilement des dispositifs de soutien a bien été relevé par plusieurs collectivités, élus locaux et entreprises.
Les montants ne sont pas en cause : je ne nie pas un certain investissement de l'État. Mais, pour améliorer l'environnement économique des entreprises, nous devons leur assurer – c'est notre rôle de parlementaires – une stabilité et des perspectives, ce que ce budget ne leur offre pas, faute de visibilité à long terme.
Vos discussions avec les chefs d'entreprise vous ont sans doute montré que le temps économique et le temps politique sont différents. Si nous voulons réindustrialiser nos territoires, c'est à nous qu'il appartient, au-delà des étiquettes politiques, de donner aux entreprises les moyens de se projeter vers l'avenir.
Nous ne pouvons pas nous contenter de saluer les importantes ressources octroyées par l'État. Notre rôle est d'évaluer les dispositifs existants et de proposer des améliorations. Nous devons savoir pourquoi ce qui a été possible lors de la crise ne l'était pas avant, et si ce le sera encore demain. Ainsi, le décloisonnement des services de l'État, heureuse conséquence de la crise, se poursuivra-t-il ? Nous devons simplifier la vie économique, ce qui suppose une réduction des normes et une lisibilité des mécanismes que l'on nous demande d'adopter, par exemple, dans un projet de loi de finances.
Les interventions des orateurs montrent bien que le budget présenté par le Gouvernement comporte certains écueils et certains oublis peu rassurants pour les entrepreneurs français.
C'est pourquoi, je rappelle mon avis défavorable à l'adoption des crédits du programme 134 et de la mission Économie.