Est-il pertinent de bâtir un « Airbus du rail » ? Le besoin de transport est une réalité en France et en Europe, et relève à la fois d'un enjeu d'aménagement du territoire et d'un enjeu environnemental. L'intérêt de promouvoir la coopération plutôt que la concurrence est donc évident. Il faut donner du sens à l'expression de « politique industrielle », qui est l'objet de votre commission d'enquête. Si nous sommes aujourd'hui auditionnés sur la situation d'Alstom, c'est précisément parce qu'il ne s'agit pas de politique industrielle mais d'une logique financière, comme l'illustrent les dividendes versés très rapidement par Alstom. Il nous appartient à tous de maintenir et développer le socle industriel qui existe en France, avec ses retombées en matière d'aménagement du territoire et d'emploi.
La coopération européenne est évidemment pertinente, mais existe-t-il un pouvoir politique réellement capable d'imposer la prise en compte de la logique industrielle, et de reprendre la main via la commande publique ? Des engagements ont été pris concernant les différents appels d'offres. L'attribution des marchés publics ne pourrait-elle pas reposer aussi sur des critères environnementaux, afin de déterminer le lieu de production ? Si la politique industrielle française doit se borner à développer des préséries et des prototypes servant de vitrine sans les asseoir sur une production industrielle, qui seule permettra de poursuivre l'activité de R&D et de garantir la pérennité de l'entreprise, on ne répondra en rien aux enjeux qui se présentent. La question principale est donc la suivante : comment le politique reprend-il la main et peut-il contrôler l'utilisation de l'argent public, dans l'intérêt des salariés, des citoyens et de l'aménagement du territoire, faute de quoi nous nous retrouverons dans une situation catastrophique, de jour en jour plus menaçante ?