Intervention de Boris Amoroz

Réunion du mercredi 29 novembre 2017 à 17h05
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Boris Amoroz, délégué syndical de la Confédération générale du travail (CGT) chez Alstom Omega :

La filière ferroviaire est essentielle pour les besoins de transport de marchandises, qui organisent notre activité et les populations. Ces activités, autour d'Alstom et d'autres entreprises de la filière ferroviaire, doivent à cet égard être considérées comme stratégiques, sans parler de tous les enjeux liés à la transition écologique : s'il n'y a plus de ferroviaire en France, nous aurons de gros problèmes pour organiser nos déplacements, à plus forte raison si nous voulons les rendre plus propres.

Pour ce qui est de la stratégie industrielle, la question ne se pose pas uniquement pour la France, mais au niveau du monde entier.

Je pense effectivement que la concurrence chinoise est aujourd'hui un prétexte. En Europe, ce n'est pas à eux que nous avons le plus affaire. Dans le reste du monde, c'est un concurrent comme un autre, comme les Coréens, les Indiens ; et Alstom fait de bonnes choses et remporte souvent des contrats face à eux. C'est un concurrent comme un autre, qui bénéficie certes des moyens financiers importants – la question mérite du reste d'être soulevée, celle des moyens financiers qu'on laisse à l'activité pour fonctionner, et pas uniquement pour engranger de l'argent afin de payer des dividendes ou des agios. CRRC a des moyens financiers que les entreprises privées n'ont pas. Les 5 milliards d'euros sortis d'Alstom pour rémunérer les actionnaires sont autant de moins pour financer notre activité. J'y vois surtout la faillite de la gestion d'une activité en France.

Alstom est implanté dans le monde depuis très longtemps : c'est précisément ce que cherche Siemens. Et depuis nos sites français ou européens, nous avons obtenu des contrats dans le monde entier. Nous sommes complètement orientés vers le marché européen et international.

Votre rapporteur demandait quel peut être le pouvoir commercial quand on représente un quart du chiffre d'affaires d'un concurrent ; mais après fusion, nous n'atteindrons guère que la moitié de son chiffre d'affaires. Et nous avons de nombreux concurrents beaucoup plus petits mais commercialement très forts, qui ont de bons produits et de bons tarifs. Le pouvoir commercial n'est pas qu'une question de taille.

S'agissant des dividendes, l'intérêt de l'État-actionnaire n'est pas seulement de remplir le carnet de commandes, de toute manière, les besoins sont énormes, en France et en Europe. L'intérêt de l'État actionnaire est de disposer d'un actionnaire stable et de longue durée.

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