À l'heure du bilan, je souligne la communauté de valeurs qui nous unit, Monsieur le ministre : celles de la science, de la raison, de la démocratie et du dialogue – vous en avez fait la preuve à notre égard. Vous avez manifesté durant votre court mandat une passion européenne et pour les questions agricoles et d'alimentation, ce qui n'a pas toujours été le cas auparavant.
Parmi les points positifs que je voudrais souligner en toute objectivité, il y a l'effort fait dans le cadre du plan de relance en faveur d'actions pour lesquelles nous militons depuis la précédente législature : le plan protéines, les plans alimentaires territoriaux, les haies, les replantations et l'agroforesterie, qui ont connu des développements impensables dans les premières années du mandat. Il y a aussi le souci de persévérance dont témoigne la loi EGALIM 2, après EGALIM 1 et Sapin 2. Je suis moins critique que d'autres parce que j'avais cru qu'avec la loi Sapin 2, tout était gagné ; et pourtant il a fallu recommencer trois ans plus tard, sans même réussir complètement. Ce qui apparaît aujourd'hui, c'est que tant que la loi de modernisation de l'économie (LME) continuera de s'appliquer, nous n'y parviendrons pas.
Je salue enfin vos efforts dans différents domaines, notamment l'action sociale et la protection contre les risques climatiques, même si, sur ce dernier point, nous regrettons le dispositif préconisé.
Bref, vous êtes un ministre qui a travaillé, dialogué et ouvert des chantiers.
Toutefois, en ce qui concerne la justice entre les producteurs, la répartition des moyens et l'agroécologie, sans aller jusqu'à parler de régression, je dirais que nous sommes sur un faux plat.
Je crois être ancré dans ce métier et dans les territoires, et partager la même passion que vous. Cependant, pour moi, la révolution ne sera pas celle que vous avez présentée. Je milite pour le biocontrôle depuis sept ans, je suis l'auteur de quelques innovations en la matière : n'y voyez aucun orgueil de ma part, mais je crois que la révolution ne sera pas liée à l'innovation ou à la technologie, mais à l'installation, ce qui demande un partage de la terre. Or, en la matière, vous n'êtes pas allé au bout des choses. C'est le défi numéro un : sans installation, il n'y aura pas d'agroécologie parce que l'agroécologie, c'est d'abord de l'agronomie et non des technologies.