Intervention de Cédric Villani

Réunion du mardi 18 janvier 2022 à 17h20
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani :

Monsieur le ministre, au-delà du fait que nos positions aient été souvent divergentes sur de grands sujets comme l'élevage ou les pesticides, je salue votre travail acharné, votre sincère disponibilité et votre réel respect de la démocratie parlementaire. Ma question porte sur le domaine de Grignon, dans les Yvelines, qui, depuis 1826, accueille l'Institut national d'agronomie, devenu AgroParisTech.

Ce haut lieu de recherche, d'innovation et de formation en matière d'agriculture, d'élevage et de gestion des eaux et forêts comprend un château du XVIIe siècle et une ferme expérimentale de 400 hectares, avec locaux d'enseignement, bureaux, laboratoires, résidence étudiante et hôtelière, cantine, écurie et gymnase – près de 50 000 mètres carrés de bâti, dans lesquels a évolué, pendant près de deux siècles, le cœur battant de l'agronomie française. Vous avez été de ces étudiants qui ont fait vivre ces lieux.

Le déménagement d'AgroParisTech sur le plateau de Saclay, voté au terme d'un processus long et controversé, laissait ouvert le sort de cet ensemble incomparable, grand patrimoine matériel et immatériel, abritant, entre autres joyaux, les archives du fonds René-Dumont, et lieu ces dernières années de recherches interdisciplinaires, tant en haute technologie qu'en innovation frugale, portant sur la fertilité des sols, la durabilité de l'agriculture, la santé environnementale et tant d'autres sujets majeurs de notre époque. En mars 2020, l'annonce de sa mise en vente, sans garantie sur son usage, a soulevé une immense vague d'inquiétude chez les étudiants, les enseignants et dans l'ensemble de la communauté locale. On a dit que l'opération était indispensable à l'équilibre financier, mais comment le croire, quand la vente du domaine Claude-Bernard d'AgroParisTech a rapporté 110 millions d'euros tandis que celui de Grignon n'en apportera pas 20, et alors que le coût du déménagement est couvert par le quatrième plan d'investissements d'avenir ?

L'attribution du site, en juillet dernier, au groupe Altarea n'a fait que renforcer les actions de protestation et d'occupation. En novembre, le préfet des Yvelines a finalement annoncé l'annulation de la vente. Le soulagement n'est que temporaire, puisque celle-ci est simplement reportée au deuxième semestre 2022. Monsieur le ministre, quels critères l'État appliquera-t-il pour cette opération de cession emblématique ? Rendrez-vous public le rapport que vous avez commandé au directeur d'AgroParisTech sur l'avenir du site ? L'État est-il prêt à s'engager à ce que le site conserve une vocation de formation et de recherche au service de l'indispensable transition agroécologique ?

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