Je vous remercie d'avoir remis en perspective l'histoire de l'entreprise, et les décisions successives qui ont mené à la situation actuelle. Vous avez rappelé que les problèmes ne datent pas d'hier et qu'ils remontaient à 2000, c'est-à-dire il y a dix-sept ans.
J'ai trois questions à vous poser, sur le respect des engagements, sur Huawei et sur le marché des opérateurs télécoms.
On entend souvent dire, en particulier dans les médias, que les engagements ne sont pas tenus. Pourtant, pour peu qu'on reste à l'abri des caméras et que le politique ne met pas de l'huile sur le feu, les négociations ne se passent pas toujours si mal entre les syndicats et les dirigeants des entreprises. Je retiens d'ailleurs de votre discours une note plus positive, puisque, à vous entendre, votre entreprise s'est mise à recruter. Quand bien même il faudrait vingt ou vingt-cinq recrutements hebdomadaires pour atteindre les objectifs initiaux, l'embauche de quinze personnes qualifiées par semaine n'en est pas moins la preuve d'une certaine volonté en la matière. D'autant que je crois qu'il n'y aura pas de départs avant que l'objectif de 4 200 emplois soit atteint. Disposez-vous d'informations en ce sens ? Au rythme où vont les choses, nous ne sommes pas loin de l'objectif. Le confirmez-vous ?
À force de parler de PSE en permanence, ne porte-t-on pas atteinte à l'image de l'entreprise au risque d'aggraver ce problème d'attractivité qui empêche le recrutement ?
Un autre engagement portait sur un investissement de 100 millions dans les écosystèmes sur un fonds d'investissement numérique. L'entreprise a déjà investi 33 millions d'euros, ce à quoi on peut ajouter l'achat de Withings. Quel est votre regard sur ce sujet ?
Que pensez-vous du respect de l'engagement relatif au pilotage de la R&D depuis la France ? Marc Rouanne est devenu le numéro 2 du groupe. Il pilotera l'activité mobile ; il est le patron « France » au comité exécutif de Bell Labs.
Vous nous dites que l'équipementier Huawei a utilisé tous les moyens possibles pour gagner en compétence et gagner des parts de marchés, en ajoutant que les sociétés telles que Cisco aux États-Unis, ou Huawei et ZTE en Chine bénéficient de soutiens étatiques importants et d'une protection de leur marché intérieur. Je suis très sensible à ces arguments et je considère que vous abordez là un point essentiel. Quels leviers européens nous permettraient, selon vous, de mettre en place un degré de protection équivalent, face à certains acteurs extra-européens dont les agissements peuvent poser problème ? Pratiques commerciales contestables, soutiens étatiques, facilités d'accès au crédit, prix cassés… Comment l'Europe pourrait-elle s'armer ?
Votre vision prospective m'a paru très intéressante. Vous évoquez des pistes pour le développement des télécoms en France et en Europe. Vous proposez que soit financée très rapidement une plateforme 5G évolutive et ouverte aux applications de toutes les start-up, écoles, universités. Vous estimez plus loin que « pour qu'une nation de start-up existe il faut des réseaux très haut débits, fiables et sécurisés ». Je suis totalement d'accord, mais qui construit ces réseaux ? Ce sont les opérateurs télécoms. Le contexte de marché est très spécifique : l'ARPU (average revenu per user ou revenu moyen par client) baisse et, pour les opérateurs, la période glorieuse des cash-flows positifs est terminée. Comment percevez-vous ce risque ? La situation des opérateurs peut-elle affecter votre activité ?