Intervention de Pascal Guihéneuf

Réunion du jeudi 30 novembre 2017 à 9h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Pascal Guihéneuf, délégué syndical pour la Confédération française démocratique du travail (CFDT) :

Nos différents sites industriels ont fermé les uns après les autres, en raison de la mise en oeuvre de la doctrine fabless au début des années 2000, puis à une série de décisions isolées, répondant à des justifications diverses. Aujourd'hui, il n'en reste plus que trois : le site Bell Labs de Nozay, dans l'Essonne, qui emploie 4 000 salariés en comptant les personnels ASN ; l'usine de fabrication de câbles sous-marins de Calais, qui emploie environ 400 personnes ; le site de Lannion enfin, dans les Côtes-d'Armor, où travaillent 700 personnes.

Nous avons commencé à râler dès les premières fermetures, mais maintenant il faut vraiment que cela s'arrête, sinon il n'y aura bientôt plus rien ! Le site de Lannion revêt une importance particulière à nos yeux en raison de son caractère historique : c'est là que le Centre national d'études des télécommunications (CNET) a pris son essor au début des années 1960, sous la présidence du général de Gaulle. Depuis, les télécoms ont été en constante évolution, et on cherche aujourd'hui les technologies qui vont permettre de revitaliser le secteur : la cybersécurité peut en être une, et on trouve en Bretagne, entre Rennes, Vannes et Brest, un écosystème favorable à son développement. Nous serions très heureux de voir ne serait-ce qu'une petite partie de la Direction générale de l'armement (DGA) s'implanter à Lannion – un site de construction de sous-marins ou de porte-avions serait difficile à installer, mais un centre dédié à la cybersécurité y aurait tout à fait sa place.

J'insiste sur le fait que la commune de Lannion est quelque peu désavantagée par sa situation géographique : elle n'est pas à proprement parler desservie par une ligne ferroviaire à grande vitesse, puisque la gare TGV la plus proche est celle de Plouaret-Trégor, à 15 kilomètres au sud – et je ne vous parle même pas de l'aéroport de Lannion.

Il faut donc tout faire pour y maintenir les emplois et si possible les y renouveler. La CFDT est très attachée à ce que les projets pour Lannion en matière de cybersécurité, sur lesquels Jean-Yves Le Drian, le précédent ministre de la défense, s'était investi, se concrétisent en dépit des difficultés.

Pour ce qui est des difficultés à embaucher, il est vrai que Nokia doit travailler à la restauration de son image de marque, ce qui prendra du temps. Si Lannion est un site très agréable, celui de Nozay, dans l'Essonne, date des années 1960, et mériterait quelques travaux de modernisation : ce serait l'occasion d'en faire l'une de ces smart cities dont on parle beaucoup actuellement. Il est situé à un quart d'heure de la gare de Massy, donc à une bonne heure de transport de Paris, compte tenu des difficultés de circulation, et à environ une demi-heure de voiture de Saclay, qui se trouve de l'autre côté de la N118 : il est donc un peu exagéré d'affirmer que le site se situe sur le plateau de Saclay, comme on l'entend dire parfois – d'autant plus que les lignes du futur Grand Paris Express, qui doivent être mises en service entre 2020 et 2030, ne passeront pas par Nozay. Nous avons également réfléchi à ce qui pourrait être fait en matière de logement et de construction de crèches pour y attirer les jeunes, mais les choses n'avancent pas aussi vite qu'on le voudrait.

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