Effectivement, et il arrive d'ailleurs de plus en plus souvent que la direction « France » ou les ressources humaines pour la France n'aient pas l'information dont disposent les salariés ou les représentants syndicaux : les directions « France » ne sont plus considérées comme des partenaires sociaux, mais tout au plus comme de simples exécutants, et toutes les décisions sont prises dans les centres Strategy & Business Development (S & BD). Et ce phénomène n'est pas propre à Nokia.
Pour ce qui est des lourdeurs, je vais vous donner un exemple. Travaillant chez Bell Labs, j'ai récemment voulu procéder à une ouverture de poste pour embaucher un thésard : pour cela, j'ai dû demander l'autorisation de six ou sept personnes … Les candidats sélectionnés vont passer entre cinq et neuf entretiens, au cours d'une procédure qui va durer de trois à six mois. Chez Facebook ou Google, une embauche pour un poste de ce type se fait en moins d'un mois – et à titre personnel, je peux vous dire que mon fils qui avait postulé chez Thales a été embauché dans la journée.
Le manque de représentativité du management français est une réalité : de moins en moins de décisions sont prises en France. J'ai demandé dernièrement à ce qu'on me communique la structure hiérarchique en France comparée à celle d'autres pays ; si nous l'obtenons un jour – peut-être à l'occasion d'un comité de groupe pour la France –, il sera intéressant de pouvoir vérifier si la France a bien des postes de responsabilité. Pour ce qui est de la partie Bell Labs, elle est clairement marginalisée : toutes les décisions la concernant sont prises à l'étranger.
Je vous rejoins concernant l'image de marque : celle de Nokia est un plus et c'est une des raisons principales pour lesquelles les organisations syndicales ne se sont pas opposées au rachat – c'était pour nous plutôt intéressant de passer sous le fleuron Nokia.
Enfin, à part la filiale des câbles sous-marins ASN, il n'y a plus d'industrialisation en France.