La Scapêche est l'armement du groupement Intermarché. Créé il y a vingt-cinq ans, il est composé de vingt-trois bateaux en nom propre et, pour rejoindre ce que disait Monsieur le Directeur, extrêmement touchés par les zones de pêche anglaises. Tous nos bateaux sont sous pavillon français, avec des marins français. L'intégralité de notre débarque, qui fait de nous le premier acteur de pêche fraîche française, se fait sur les criées françaises – en Bretagne Sud, essentiellement à Lorient et au Guilvinec, et à Boulogne-sur-Mer où nous avons mis en place des partenariats avec des pêcheurs artisans. Six bateaux artisans sont en activité ou en cours de construction à Boulogne-sur-Mer et à Lorient.
Nous travaillons différents métiers : la sardine de bolinche, le chalut, la senne, le caseyeur, mais aussi la pêche à la langoustine puisque nous avons mis à l'eau un langoustinier la semaine dernière. Nous pêchons également la légine dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), où nous avons un bateau disposant d'un quota. L'année dernière, nous avons débarqué seize mille tonnes de poissons et nous représentons dix mille tonnes de poissons sous criée à Lorient – pêchés à 70 % dans les eaux britanniques. Notre dépendance globale est illustrée par le fait que 50 % de cette criée sont constitués de poissons pêchés dans les eaux britanniques. Cette quote-part se retrouve aussi au port du Guilvinec, où près de 50 % des poissons sous criée ont été pêchés dans les eaux britanniques. À Boulogne-sur-Mer, elle est largement supérieure à 60 %. Nous ne parlons ici que des trois premières criées françaises. Les autres armements hauturiers, partenaires français avec lesquels nous travaillons en Bretagne nord ou dans le Pays Bigouden par exemple, ont aussi des taux de dépendance de 50 % aux eaux britanniques.
Nous pêchons dans les zones britanniques avec nos collègues français, mais également nos collègues irlandais, hollandais ou espagnols. Nous sommes donc plusieurs pays dont les bateaux sont concernés par les dispositions du Brexit. Il est difficile de concevoir que tous ces bateaux non-anglais se retrouveront sur des bandes plus au sud, notamment les eaux françaises. Vous imaginez aisément la pression sur la ressource.
En 2015, la Scapêche a mis en place un plan de progrès visant à sortir les vieux navires au profit de bateaux récents, neufs, ergonomiques, ainsi que de nouvelles techniques de pêche. Nous avons été moteurs dans la limitation des pêches à huit cents mètres, puisque nous nous sommes autolimités bien avant tout le monde sur les profondeurs de pêche. Nous sommes partenaires avec des bateaux artisans. Nous aidons ces derniers à renouveler leur flotte de pêche. Nous avons fait de belles opérations à Boulogne-sur-Mer. Mais aujourd'hui, ce plan de progrès est complètement à l'arrêt. En effet, tant que nous n'aurons pas défini avec certitude nos zones de pêche, nous ne pourrons pas renouveler notre flotte de bateaux. Ce plan représente tout de même cinquante millions d'euros sur dix ans. Pour un groupement comme Intermarché, c'est un effort très conséquent.
Voilà pour ce qui est de la photographie de l'armement Scapêche. Je laisse à M. Le Visage le soin d'aborder les aspects techniques.