Intervention de Gérard Romiti

Réunion du jeudi 19 avril 2018 à 14h30
Mission d'information sur le suivi des négociations liées au brexit et l'avenir des relations de l'union européenne et de la france avec le royaume-uni

Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) :

Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, je souhaite avant tout vous remercier pour votre initiative de ce jour, mais surtout de l'intérêt que vous portez, certains quotidiennement, pour notre activité. Nous avions déjà eu l'occasion, en novembre 2016, d'exposer nos préoccupations. Je ne m'attarderai pas sur les éléments déjà présentés par mes collègues et par le directeur des pêches, sinon pour vous confirmer la politique du Comité national et le sentiment de crainte voire d'angoisse que génère ce dossier. Nous avions identifié les risques avant le vote des Britanniques. Le Brexit peut réellement provoquer un séisme pour les pêches européennes. D'une manière générale, qu'il s'agisse des professionnels ou de la ressource, nous ne l'avons pas décidé. Actuellement la pêche est un secteur viable, qui se porte bien et qui fait preuve de durabilité dans sa gestion. Nous craignons de voir cette situation s'effondrer, de perdre des zones de pêches, de perdre des quotas et de voir des entreprises fermer, emportant avec elles un tissu économique local très bien structuré. Notre crainte est aussi de voir les ressources affectées par les futures décisions du Royaume-Uni, et de voir certains stocks s'effondrer si les Britanniques décident de s'affranchir des règles et des objectifs fixés par la PCP.

Alors que l'on constate depuis plusieurs années une amélioration de l'état de la ressource grâce à une gestion commune et à des stocks partagés, nous craignons de voir tous les efforts supportés par notre profession mis à mal par les acteurs d'un seul État, accusant la politique commune des pêches de tous ses maux. Les Anglais se trompent de cible. Leur déclin remonte aux années 1950-1970, lorsqu'ils ont perdu l'accès aux eaux islandaises. Par ailleurs, ils ont négligé les négociations d'extension des eaux au niveau des Nations unies juste avant leur accession à l'Union européenne. Ils n'imaginaient pas que, de 12 milles nautiques, celles-ci passeraient à 200 milles. La politique agricole commune ne peut pas être désignée comme seule coupable.

Comment nous sommes-nous organisés pour faire face à ce défi, à l'échelle nationale, au sein du CNPMEM, organisation professionnelle représentant l'intégralité française des pêches ? Les vice-présidents en charge du suivi du dossier Brexit sont épaulés par la commission de travail sur les flottes et les quotas. En outre, un chargé de mission est dédié au suivi et à la coordination des pêcheurs français avec leurs homologues européens. Un lien est également assuré avec les différentes administrations en charge du sujet, et les institutions européennes. L'organisation professionnelle française, forte d'une première expérience de coopération avec ses homologues européens sur le dossier de la pêche en eaux profondes, a très rapidement réactivé son réseau après le vote des Britanniques en faveur du Brexit. Rappelons que la pêche européenne représente près de 116 000 pêcheurs et 115 000 emplois au niveau de l'industrie de la transformation.

Les pêcheurs des neuf États membres les plus touchés par le Brexit se sont rassemblés au sein de l' European Fishing Alliance (EUFA), afin de mettre en commun des moyens humains et financiers pour défendre la pêche européenne. Il s'agit de la France, de l'Espagne, de l'Irlande, de la Belgique, de l'Allemagne, des Pays-Bas, du Danemark, de la Suède et de la Pologne. Cette union a pour objet d'informer et d'expliquer la réalité du terrain tant aux négociateurs qu'aux acteurs de la société civile. Elle est aussi là, en réponse aux démarches britanniques assez agressives sur le sujet, pour témoigner de l'unité des pêcheurs européens et de la force que nous en dégagerons. Elle le restera tout au long du processus. Nous sommes très fiers de cette coalition. Nous nous mettons au service des négociateurs européens afin de les nourrir de notre expertise, de notre connaissance du terrain et du savoir empirique de toute la profession.

Dans ce cadre, nous avons contribué à former un forum au Parlement européen et nous dialoguons avec la Commission européenne – tant avec l'équipe de M. Barnier, dont je tiens à souligner le travail ces derniers temps, qu'avec la direction générale des affaires maritimes et de la pêche (DGMARE) et avec nos ambassadeurs respectifs. Nous avons aussi organisé une rencontre avec les élus de cette coalition, à Saint-Jacques de Compostelle en octobre dernier. Enfin, nous avons rencontré nos collègues norvégiens en novembre.

Voilà un peu notre état d'esprit. Je laisse la parole à mon directeur général pour des aspects plus techniques.

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