Intervention de Nicolas Turquois

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 10h00
Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Turquois :

Je suis partagé. Agriculteur, même si je ne maîtrise pas toutes les cultures, je sais que les doses maximales de glyphosate nouvellement autorisées par l'ANSES sont largement supérieures aux doses moyennes utilisées actuellement. Alors, y a‑t‑il vraiment réduction ? Je ne le crois pas.

La baisse des ventes de glyphosate en 2019 est logique puisqu'en 2018 l'évocation de sa possible suppression avait poussé à la constitution de stocks. D'autre part, il m'arrive certaines années d'acheter du glyphosate pour mon exploitation sans l'utiliser mais d'en utiliser davantage d'autres années. Aussi, pour savoir si les ventes baissent réellement, convient-il de faire une moyenne sur trois ans. Le succès du glyphosate tient à ce qu'il est très peu cher et d'usage très facile. Il est paradoxal pour l'agriculteur que je suis de le dire, mais aussi longtemps qu'il n'y aura pas un signal prix, certains décideront de passer au bio et de s'en dispenser, mais d'autres absorberont ce faible coût dans leurs coûts d'exploitation sans problème particulier. Cela étant, il faudrait évidemment trouver une solution européenne car un signal prix en France seulement entraînerait une concurrence déloyale.

Va pour les équipements alternatifs si ce sont des équipements de désherbage mécanique, mais subventionner l'achat de nouveaux pulvérisateurs ne changerait rien à l'utilisation du glyphosate. En revanche, cela a du sens pour la protection des abeilles – lors des traitements du colza par fongicides, par exemple. Je comprends la réaction de M. Jean‑Baptiste Moreau, car il y a quelque chose de terrible dans l'idée que les agriculteurs doivent travailler de nuit pour pas se faire voir ; de plus, ce n'est pas possible pour tous, qu'ils soient aussi éleveurs ou pour des raisons familiales. Mais traiter quand les abeilles sont dans les plantes en fleurs a un fort impact ; disposer de pulvérisateurs très bien éclairés pour permettre à ceux qui le peuvent de pulvériser la nuit a vraiment du sens, surtout au printemps, quand le traitement est plus efficace.

Enfin, bien des agriculteurs ont nettement amélioré leurs pratiques mais j'en connais au moins un, dans ma commune, qui traite l'après-midi, en plein vent, empestant le village et les autres agriculteurs. Il faut faire des contrôles en cuve, des contrôles en condition, et il n'y en a pas : je n'ai jamais été contrôlé avec mon pulvérisateur. Des contrôles montreraient pourtant que certains agriculteurs jouent les apprentis chimistes sans du tout maîtriser le sujet ; sauraient-ils qu'un agriculteur a été contrôlé dans la commune voisine qu'ils se comporteraient mieux.

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