Vous évoquez tout d'abord la question de la fracture numérique et le fait que tout le monde ne soit pas à l'aise avec les outils numériques : il s'agit de l'une des priorités de mon ministère. Nous avons annoncé une intensification significative des efforts dans ce domaine il y a une dizaine de jours car il est absolument essentiel de développer la capacité à former ou à offrir des solutions à tous ceux qui, ne sachant pas se servir du numérique, se retrouvent mis de côté par la numérisation quasi générale de la société, qu'elle émane des services publics ou des services privés.
À cet égard, il faut être clair : le fait de disposer d'une identité numérique simple à utiliser et d'une carte avec une puce est un facteur de simplification, notamment pour une partie des personnes souffrant de la fracture numérique. Le problème que rencontrent ces personnes tient à la multiplication des codes, des mots de passe et de modalités d'identification compliquées. Toutes choses égales par ailleurs, l'identité numérique facilitera en partie l'inclusion numérique. Toutefois, elle ne facilitera pas l'accès au numérique des gens qui ne s'en servent pas ; c'est pourquoi nous bâtissons une politique publique de l'inclusion numérique visant à former les gens et à leur apporter des solutions. Disposer d'une identité numérique en utilisant une carte d'identité qu'il vous suffit de biper ou un simple code sur votre téléphone sera beaucoup plus inclusif que d'utiliser un identifiant et un mot de passe, comme cela est le cas aujourd'hui.
Votre deuxième question portait sur l'emploi. La plupart des études macroéconomiques tendent à démontrer que la numérisation et l'automatisation du travail créent plus d'emplois qu'elles n'en détruisent. Le problème est celui de la transition, de son financement, de la formation et de la reconversion des personnes : ce sujet est au cœur du pacte productif sur lequel nous travaillons avec Bruno Le Maire. Pour le dire très directement, je ne pense pas que nous protégerons l'emploi dans les banques en allant moins vite sur l'identité numérique. Nous devons offrir une solution de formation ou de reconversion à tous ces gens pour leur permettre d'évoluer ; c'est un défi qui se pose à l'ensemble de la société occidentale.
J'ai dit un peu plus tôt qu'il serait probablement nécessaire de faire payer ce service aux fournisseurs. Si nous voulons imposer le service public d'identification et ainsi éviter le recours à un service totalement privé, il faut commencer par une phase expérimentale, pendant laquelle nous proposerons ce service de manière gratuite, avec l'objectif à terme de faire payer les fournisseurs de service. Tous ces paramètres font l'objet d'une réflexion au sein de l'administration et seront affinés.