Intervention de Pierre-Franck Chevet

Réunion du jeudi 30 novembre 2017 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) :

– Sur les déchets bitumineux, une analyse internationale est en cours. Je n'anticipe pas sur sa conclusion, mais c'est un enjeu majeur, car les incendies dans un ouvrage souterrain sont vraiment compliqués à gérer.

Nous n'avons pas la faculté juridique de porter plainte dans le cadre de notre mission, mais, comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons effectué un signalement au Procureur de la République au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, et transmis toutes nos informations à la justice, qui a, par ailleurs, été saisie par plusieurs associations. Une instruction est donc en cours.

La forge du Creusot ne fabriquait pas que pour le nucléaire, et la chaîne de sous-traitance était assez complexe. Dans ces conditions, la conscience que peuvent avoir les opérateurs de base de l'enjeu que constitue la sûreté du produit final est une vraie question. Plus la chaîne est longue, plus il faut réfléchir à la meilleure manière de faire comprendre, à chaque niveau, la nécessité des critères draconiens imposés par le nucléaire.

Je n'ai jamais entendu parler de largages en mer. Mais peut-être qu'on nous cache tout !

L'IRSN a effectué un gros travail de cartographie des impacts de l'accident de Tchernobyl, effectivement en tâches de léopard, et qui s'amenuisent avec le temps. Il y a des traces, évidemment, mais je ne connais pas d'endroits où les valeurs mesurées nécessitent de mettre en place des contre-mesures de restriction.

Je me félicite que la réflexion sur les réacteurs du futur ait été lancée dès les années 1990 en France. Cela a conduit à la mise au point de l'EPR. L'idée était de changer l'ordre de grandeur de probabilité des accidents graves, en diminuant la probabilité d'une fusion du coeur, et en faisant en sorte que, si elle se produisait, il n'y ait pas de conséquences à l'extérieur, d'où la mise en place, sous la cuve de l'EPR, d'un récupérateur de coeur fondu. Sur les gros réacteurs de ce type, sinon, quand le coeur fond, il traverse la cuve. Il fallait donc imaginer un système qui le récupère avant qu'il n'atteigne le béton, qu'il peut traverser.

Les réacteurs existants n'ont pas de récupérateur de coeur, et ne disposent pas de beaucoup de place sous la cuve. Aussi, demandons-nous à EDF d'imaginer un substitut, dont l'effet soit aussi d'empêcher le coeur fondu d'atteindre le béton. Les discussions techniques sont complexes. Une solution serait d'injecter du béton à la composition chimique particulière, entre la cuve et le socle. Encore faut-il arrêter cette composition chimique.

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