Je ne vais pas nécessairement entrer dans le détail, mais je vais essayer de répondre à votre question, monsieur le député. Le constat que nous faisons depuis plusieurs années, à partir d'un certain nombre d'éléments qui remontent à la DGSI, montre une constante dans les secteurs d'activité économique et industrielle qui sont visés par nos concurrents et adversaires. En premier, lieu la filière nucléaire est un sujet d'intérêt constant pour un certain nombre de pays qui cherchent à profiter du constat qu'ils peuvent faire d'une relative perte de compétitivité française dans ce domaine et qui cherchent eux-mêmes à monter en compétences. C'est vrai avec deux pays avec lesquels nous coopérons, mais qui ont recueilli depuis plusieurs années, au travers des coopérations justement, un certain nombre de données techniques et technologiques qui leur ont permis de monter en puissance et de venir concurrencer directement la filière française. Ces acteurs peuvent être asiatiques ou occidentaux, bien entendu.
Le deuxième secteur que nous considérons comme particulièrement exposé aux agressions extérieures est celui de la filière de l'industrie aéronautique, spatiale, de défense et de sécurité, prise dans sa globalité. Un certain nombre de dossiers très actuels montrent à quel point des industriels de premier plan au niveau européen, notamment, peuvent être déstabilisés par un certain nombre d'actions venant de l'étranger. Dans le domaine de l'espace, dont je ne suis pas un spécialiste, je vois bien aujourd'hui que son « arsenalisation », la montée en puissance de capacités militaires dans ce domaine, l'excellence de l'industrie française, suscitent un certain nombre de convoitises et qu'elle expose nos entreprises aux intérêts étrangers.
Pour la filière des technologies de l'information et de la communication (TIC), là aussi M. Guillaume Poupard connaît le sujet mieux que nous, un certain nombre de petites entreprises, de jeunes pousses, sont particulièrement compétentes ; elles sont, là aussi, très exposées aux agressions étrangères. D'une manière générale, les technologies liées à la 5G, qui n'est pas encore mise en place, mais qui le sera demain ou très prochainement, donnent lieu à des enjeux extrêmement forts pour des acteurs étrangers.
Et puis, bien entendu, pour revenir au cœur du sujet, la recherche française est particulièrement exposée parce qu'elle est excellente dans la plupart des domaines. Je fais à nouveau référence à ce que disait M. Thierry Matta en matière de lutte contre les proliférations d'armes de destruction massive, une action internationale très déterminée est mise en œuvre par un certain nombre de pays, elle vise à contrarier et à entraver des filières d'acquisition de biens à usage dual. Aujourd'hui, on observe qu'un certain nombre de chercheurs étrangers qui servent des programmes de pays proliférants, viennent pour essayer de rééquilibrer les choses ou d'acquérir des connaissances, essayent d'intégrer des laboratoires français sur un certain nombre de sujets qui peuvent servir à alimenter ces programmes.