Intervention de Pierre Médevielle

Réunion du jeudi 23 avril 2020 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pierre Médevielle, sénateur :

, a souligné que la qualité des tests sérologiques laissait effectivement à désirer. Une expérience a été menée par une plateforme toulousaine sur des échantillons de sérum vieux d'un an et demi, donc bien antérieurs à l'épidémie. Le test a révélé la présence du virus dans 15 % d'entre eux ! De manière évidente, un problème de fiabilité se pose.

Des témoignages intéressants apparaissent sur les pays asiatiques, par exemple celui de Jean-Noël Poirier, ambassadeur de France au Vietnam jusqu'en 2016, qui a été hospitalisé à Hanoï pour Covid-19. Passée une première phase de doute sur les chiffres annoncés par les autorités vietnamiennes, il s'avère bel et bien que le nombre de cas constatés ne dépasse pas 300 et qu'il y a zéro décès. Dans ce pays de culture confucéenne, la défense du groupe est placée au-dessus des intérêts individuels. C'est la base sur laquelle y sont effectués les dépistages. Mais les autorités ont aussi été très réactives. Alors qu'elles avaient détecté le premier cas le 23 janvier, elles ont fermé dès le 1er février la frontière avec la Chine. Les écoles étaient fermées elles aussi, tandis qu'étaient prises des mesures non seulement de confinement, mais aussi d'isolement, comme cela a été fait par la suite en Allemagne.

Au-delà de la qualité des tests, la clef de la réussite réside dans le civisme et dans la discipline observée en matière de confinement et de quarantaine. Cela a permis aux Vietnamiens de reprendre une vie sociale, y compris dans le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et des brasseries. C'est pourquoi, en fonction de l'état sanitaire des régions françaises, la réouverture de ce type de commerces – en respectant des contraintes en matière de capacité, de distance entre les tables et de port de gants et de masques par le personnel – doit désormais être revendiquée ; c'est l'objet d'une tribune qui a été récemment publiée.

En effet, dans tous les pays qui ont fait l'expérience du confinement ou qui l'ont évité, il n'y a pas vraiment de rebond du nombre de cas, hormis peut-être en Corée du Sud. Il faut revoir la façon de se comporter, pour éviter de sombrer dans ce débat confus de juristes sur le traçage et l'atteinte aux libertés individuelles, car l'intérêt du groupe devrait prévaloir.

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