a souligné l'importance d'analyser aussi l'épidémie à travers le prisme des sciences humaines. D'ailleurs, trois facteurs expliquent la grande vulnérabilité de nos sociétés que révèle la crise actuelle et, peut-être, la façon différente dont celle-ci est perçue par rapport à la grippe asiatique et la grippe de Hong-Kong. Premièrement, les médias sont omniprésents et se sont multipliés, alors que, jusque dans les années 1980, l'information ne passait pratiquement que par des chaînes de télévision ou des stations de radios contrôlées par l'État. Deuxièmement, les attentes de l'opinion ont changé : nous nous sommes habitués à ce que la science règle les problèmes et nous n'imaginons plus – donc nous n'acceptons plus – l'idée que puissent exister des maladies « fatales », comme le furent la grippe asiatique ou la tuberculose. Troisièmement, notre culture professionnelle fondée sur le principe du « juste à temps » fait que nos sociétés fonctionnent en flux tendu, sans marge de manœuvre, et que toute perturbation y devient insupportable.