a demandé si les modélisations évoquées dans la note pourront faire l'objet de mises à jour, par exemple en évaluant l'effet des mesures qui pourraient être prises dans les transports et en comparant à ce qui aurait pu être attendu en l'absence de telles mesures, ce qui permettrait d'éclairer le débat sur le nombre de morts évitées.
Parmi les effets induits par l'épidémie, il faut en effet noter les pertes de chance de survie liées à la moindre fréquentation des médecins. Dans le département du Rhône, certains parents refusent de se déplacer pour faire vacciner leurs enfants. Il sera difficile d'évaluer les décès liés à ces pertes de chance.
En sens inverse, certains effets induits sont positifs, notamment en matière de pollution de l'air. Une équipe de chercheurs finlandais montre ainsi une réduction moyenne des émissions d'oxydes d'azote en Europe de l'ordre de 40 %. Le phénomène concerne surtout les agglomérations les plus densément peuplées. Pour les particules fines, en revanche, la réduction moyenne ne s'établit qu'à 10 %, car la source principale de cette pollution est le chauffage et non les transports.
Sur les 400 000 décès prématurés liés traditionnellement chaque année à la pollution de l'air en Europe, dont 50 000 en France, cette étude évalue à 1 200 le nombre de décès évités en France depuis le 15 mars, à savoir le début du confinement. Des comparaisons avec les données des cinq années précédentes seraient instructives.
Je rejoins les propos de Jérôme Bignon sur l'intérêt de voir les choses de manière transversale. Le concept de « santé unique », ou « unifiée », ou « globale » développé par un certain nombre de chercheurs invite à considérer la santé des êtres humains en prenant aussi en compte l'alimentation, le climat, la flore, la faune, les sols, l'air, l'eau, etc., en fait nos écosystèmes. Cette vision globale doit motiver les recherches futures et, plus généralement, induire à changer de regard sur nos modes de vie. La pandémie de coronavirus plonge nos sociétés dans une phase de perturbations, mais elle nous conduit à beaucoup réfléchir, ce qui est une bonne chose.