, a indiqué que ses travaux consistent à s'interroger sur la possibilité que l'épidémie du Covid-19 provoque des changements dans le fonctionnement de notre société. Il faudra aussi évaluer si ces éventuels changements sont temporaires ou peuvent être pérennes ? Plusieurs thèmes ont été retenus.
La relation à la mort a changé durant la crise. Le deuil est plus difficile à faire en période de confinement. On ne peut plus être aux côtés de ses proches en fin de vie, on ne peut plus accompagner la mise en bière des personnes décédées et il en résulte de la souffrance. La période est marquée par un recours accru à la crémation. Comment l'expliquer ? Certaines familles considèrent que le dernier hommage au défunt est mieux rendu au crématorium qu'au cimetière. Le feu est-il un processus de purification qui aide à faire son travail de deuil ? Le basculement de l'inhumation vers la crémation est un sujet majeur.
Un deuxième axe concerne les transformations du rapport au culte religieux. En particulier, va-t-on voir se développer le « culte numérique » ?
Un troisième thème touche au rapport à l'alimentation, qui a fortement changé. Il en est ainsi de la manière dont on accède aux aliments : il est possible que l'on observe à l'avenir un recours plus fréquent aux circuits courts, y compris en milieu urbain – la relation au maraîcher s'inscrit dans une certaine forme de confiance. Le changement concerne aussi les habitudes alimentaires : en témoigne la surconsommation actuelle de certains produits, comme la farine.
Enfin, la société est le théâtre de processus étonnants. Par exemple, les gens continuent à aller à leur fenêtre ou leur balcon à 20 heures pour applaudir les soignants. Ce n'est pas neutre dans la façon d'envisager la relation au personnel soignant. Une relation s'institue ainsi entre le front et l'arrière, pour prendre une métaphore guerrière. Mais d'autres réactions ont également cours : pensons aux mots laissés aux infirmières pour leur demander d'aller habiter ailleurs…