a rappelé qu'un passage historique de l'inhumation à la crémation s'est produit en Gaule au IIe siècle avant Jésus-Christ ; le passage inverse s'est opéré au IIe siècle après Jésus-Christ. Ces évolutions ont eu lieu, pour l'une, avant la grande transformation politique que constitue l'incorporation de la Gaule à l'Empire romain et, pour l'autre, avant la transformation religieuse associée à l'arrivée du christianisme en Gaule. Le changement de rite funéraire renvoie à un changement de mentalité qui, dans le deuxième cas, a accompagné l'ancrage de la religion nouvelle.
Depuis plusieurs années, le recours à la crémation s'accroît constamment en France. Traditionnellement, l'Europe du Nord y procède davantage que l'Europe du Sud. À la faveur de l'épidémie, un saut qualitatif pourrait se produire : les sociétés crématistes de France peinent aujourd'hui à faire face à un surcroît de demandes. La motivation sanitaire joue un rôle très fort dans le changement d'attitude en cours. Pour autant, Claude Lévi-Strauss avait montré que le rapport au cru et au cuit est un phénomène anthropologique fondamental et qu'il participe de la structuration de la société ; le tournant actuel vers la crémation renvoie donc à une vision du corps qui est aussi une vision cosmogonique.
Dans un registre plus anecdotique, la pandémie signera-t-elle la fin du bisou ? Peut-être allons-nous nous orienter vers un mode anglo-saxon de distanciation physique et sociale. Cela sera intéressant à analyser…
Enfin, la fortune imprévue de la farine s'explique par le fait que la fabrication d'un gâteau a le pouvoir de tenir tranquilles des enfants pendant une heure et demie…