En ce qui concerne l'EPR, nous avons évoqué les soudures mais ce n'est pas le seul sujet. Au cours de l'année 2019, une série d'essais à froid et à chaud ont été réalisés sur l'installation, démontrant qu'elle pouvait être mise en fonctionnement. Le résultat des tests s'est avéré satisfaisant.
C'est sur les équipements les plus lourds qu'il faudra être vigilant. Nous avons demandé à EDF, au-delà des soudures, d'étendre sa revue de conception et de fabrication à d'autres équipements essentiels à la sûreté, pour s'assurer de l'absence d'anomalies. Nous avons demandé un bilan de cette revue, qui est en cours, ce qui nous permettra d'avoir une vision globale sur la réalisation des essais et le contrôle de tous les équipements indispensables à la sûreté. À ce stade, les contacts que nous avons avec EDF ne nous conduisent pas à identifier de difficultés particulières dans le processus de qualification et de remise en état. Les opérations de soudage qui ont commencé sur le site pour les soudures accessibles, n'ont pas encore commencé pour les traversées d'enceinte car il faut d'abord vérifier les modes opératoires. C'est un prestataire américain qui interviendra. Les premières opérations de mise au point des procédés de réparation par la traversée sont en cours de réalisation aux États-Unis, ce qui prendra un certain temps. À notre connaissance, il n'y a pas de retard de planning.
Nous devons également cette année instruire une demande d'EDF pour l'approvisionnement en combustibles neufs, qui pourraient être acheminés vers la centrale nucléaire de Flamanville et entreposés dans les piscines. Sur le fond, cette demande ne pose pas de difficulté particulière. En revanche, l'autorisation a été différée car l'ordonnance du 25 mars dernier ne nous permettait pas de réaliser de consultation du public. Logiquement, le combustible neuf pourrait donc rejoindre la centrale de Flamanville dans le courant de cette année.
Globalement, le processus de remise en état et de contrôle de l'EPR semble se dérouler normalement, conformément au planning annoncé. Je ne peux préjuger de la suite.
En ce qui concerne la prolongation d'exploitation des réacteurs de 900 mégawatts, nous sommes en phase finale d'élaboration de l'avis générique, qui sera mis en consultation du public à la fin 2020. Il reste quelques points de discussion sensibles avec EDF, dont nous attendons les ultimes propositions avant de statuer. Ces points concernent par exemple l'épaississement du radier. Sur les cuves elles-mêmes, nous n'avons pas de sujet particulier.
L'IRSN a remis son avis de synthèse sur l'ensemble des études réalisées par EDF, rendu public au début avril 2020. Nous consulterons le groupe permanent d'experts de l'ASN en septembre sur le projet de décision.
Nous pensons aujourd'hui que vraisemblablement, l'ASN prescrira des modifications additionnelles par rapport à celles proposées par EDF, pour couvrir l'ensemble des champs identifiés dans le cadre du réexamen des réacteurs de 900 mégawatts. L'objectif est de se rapprocher le plus possible du niveau de sûreté des réacteurs de troisième génération. L'instruction lourde est arrivée quasiment à son terme, et quelques sujets restent en suspens.
Sur les sujets de recherche, nous réévaluons avec notre comité scientifique de manière régulière les thématiques à privilégier. Nous ne disposons pas de moyens financiers pour inciter les organismes de recherche à réaliser des actions dans les domaines que nous identifions. Nous sommes dans une situation quelque peu difficile. Nous tentons de porter la bonne parole auprès des organismes de recherche et du ministère, afin que les porteurs de projets intègrent nos thématiques. Il est très difficile d'avoir un pouvoir d'influence sans moyens financiers. C'est pourquoi nous travaillons le plus possible avec l'IRSN, qui dispose en revanche de moyens. Nos axes de recherche portent notamment sur le vieillissement, en lien avec la prolongation des centrales nucléaires, pas seulement sur les sujets classiques, comme les matériaux métalliques tels que la cuve, élément essentiel sur lequel beaucoup de recherches ont été menées, mais aussi sur des composants un peu différents, sortant du champ largement exploré par les organismes de recherche, par exemple les câbles, les polymères ou les bétons. Mais nous avons aussi des propositions de recherches dans le domaine médical. Il existe une nécessité d'avoir une meilleure connaissance des impacts des faibles doses, par exemple d'une exposition répétée des patients au scanner. Tout ceci demande des études de longue durée auxquelles nous essayons de sensibiliser les organismes de recherche.